dimanche 31 mai 2020

Un conseil de famille : pour quoi faire et comment ?


Un article des ateliers Gordon






Depuis 2011, nous avons mis en place un conseil en famille avec nos trois enfants, alors âgés de 7 ans 1/2, 6 ans, 3 ans 1/2. Nous avons tâtonné sur la façon dont nous souhaitions le mettre en oeuvre. Et il n'a cessé d'évoluer selon l'âge des enfants, selon les besoins de la famille.


Organiser un conseil de famille, pour quoi faire ? 

C'est un outil génial où les membres de la famille se réunissent pour faire participer les enfants à la vie de famille, comme prendre des décisions, expliquer des choix, tenir compte des suggestions,trouver ensemble des solutions aux difficultés (lors de situations problématiques ou de conflits...),renforcer les liens,favoriser l’autonomie des enfants...

Nous avons dès le départ posé un cadre de fonctionnement : 

  • J'écoute celui/celle qui parle jusqu'au bout, 
  • chacun-e parle à son tour (et peut choisir de ne pas s'exprimer), 
  • je ne me moque pas ;
  •  je cherche à comprendre ce qui se passe pour l'autre ; 
  • quand j'ai un problème, je parle en disant ''je'' ; 
  • je ne colporte pas ce qui est dit dans le conseil. 

Il y a un-e animateur-trice du conseil et une personne qui note les questionnements soulevés, les décisions prises.

Nous démarrons la plupart du temps notre conseil par un temps d'échanges de messages de révélation positifs et de messages-Je d'appréciation, que nous appelons les fleurs, avant d'aborder l'ordre du jour dont les points essentiels ont été généralement notés sur une feuille accrochée dans la cuisine. Ce sont des conflits à réaborder, des projets à propos desquels nous voudrions échanger... Parfois des conflits notés 4 jours avant n'ont plus la même importance en les relisant. Parfois, d'y repenser ça nous connecte à différentes émotions désagréables et c'est révélateur que le problème doit être réabordé.


Comment cela se passe-t-il plus concrètement ?


Nous revisitons la situation du point de vue de chacun, de son vécu (ce qui s'est passé, ce qu'il a ressenti, ses besoins). Chacun s'exprime à son tour. Et la personne cherche des solutions, nous pouvons faire des propositions. Quand il y a un conflit, le conseil permet qu'il y ait une médiation et recherche de solutions qui conviennent à chacun-e.

Nous confrontons parfois : "Je comprends que c'était difficile pour toi dans ce contexte." Nous gardons une marge de manœuvre au niveau du comportement même quand nous sommes furieux ou que nous avons très peur. "Que serait-il possible de faire d'autre ?", "Comment le vois-tu ?", "Comment chacun le voit ?" Nous convenons qu'une prochaine fois, nous nous entraînerons pour un autre comportement, noté sur le cahier du conseil pour faire trace. C'est responsabilisant et non culpabilisant.

Le conseil de famille laisse aussi la place pour présenter ses excuses à l'écrit ou à l'oral mais avec le cœur... Quand c'est un bon moment pour elle et pour l'autre, sans laisser passer le temps non plus.

Une réparation est possible : des valorisations écrites quand il y a eu une dévalorisation ou du temps passé pour l'autre personne comme lui apprendre quelque chose dont elle a besoin, créer une carte à son attention, cuisiner pour elle… Les valorisations peuvent être : "J'ai apprécié t'entendre jouer le morceau de musique hier soir" ; "j'aime jouer à des jeux avec toi" ; "j'apprécie le moment qu'on prend le soir pour se dire bonne nuit", "tu sais faire des gâteaux au chocolat" ; "tu sais t'occuper des animaux" ; "tu sais mettre une selle et un filet à un cheval", etc.

Ce n'est pas une démarche facile. Quand nous nous sentons en colère, nous pouvons être amené à penser que nous sommes dans notre bon droit. Ce qui est important et pédagogique c'est d'être attentif aux stratégies choisies. Même si la colère est adaptée, toutes les solutions envisagées ne le sont pas. Régulièrement, la colère est la partie visible mais en prenant le temps, il peut y avoir d'autres émotions comme la peur, la tristesse. C'est l'expression de ces émotions ''cachées'' qui va aider à retrouver de l'apaisement.

De nombreuses situations sont dénouées avec le temps de conseil en famille (un surnom donné qui ne plaît pas à l'autre, changer de chambre, une répartition de tâches du quotidien...). Cela permet un suivi des situations qui nous gênent, et c'est très rassurant : nous nous occupons du problème. Le conseil permet que des pistes soient explorées, cela ne veut pas dire trouver la meilleure solution, plutôt choisir une ou plusieurs solutions, les expérimenter, les réévaluer, les réajuster. C'est intéressant de demander en conseil : "qu'avons-nous appris de cette situation ?" Cela permet de prendre conscience des compétences affectives et sociales acquises lors de moments de tension, d'observer que le lien dans la famille se tisse également en dépassant ces moments-là, de façon constructive pour tous.


Quelle place pour les émotions dont la colère ?

Les émotions sont-elles écoutées, régulées, lors d'un conseil ou à chaud ou à un autre moment ? L'écoute active reste le moyen le plus efficace et le plus utilisé chez nous pour entendre le vécu de chacun, aller vers un apaisement et ouvrir un espace de communication y compris et surtout sur nos temps de conseil en famille.

  • Avec des enfants petits (moins de 5 ans), lors d'un fait perturbateur, nous avons utilisé le « STOP !» pour arrêter un comportement : par exemple, quand un enfant veut prendre des mains un jouet. Parfois, nous prenions l’enfant en colère dans nos bras pour éviter dans un premier temps que la situation ne se dégrade puis pour l'aider à exprimer son mécontentement, à s'apaiser, et enfin clarifier la situation. Nous étions attentifs à ce qu'il ne nous fasse pas mal en se débattant. S'il nous demandait de descendre des bras, nous restions proches et le posions. Il nous est arrivé de nous isoler avec l'enfant dans sa chambre ou dans la nôtre, nous posions l'enfant sur le lit et il pouvait se rouler de rage dessus, le temps que la tempête redescende. Parfois nous avons demandé à l'enfant de s'asseoir sur un coin de canapé proche de nous et attendre de se sentir moins fâché avant d'en discuter et d'en repartir. C'est lui qui nous disait quand il se sentait mieux. Nous avons évité d'isoler seuls de jeunes enfants car ils ont besoin d'aide pour tempérer leurs états émotionnels. 
  • Vers 5 ans, le conseil a permis de reparler de certaines situations et de réfléchir à quoi faire quand nous sommes en colère par exemple... Quoi faire pour nous sentir mieux, pour dire ce qui ne nous va pas sans me faire mal ni faire mal à l'autre. Quand un de nos enfants en particulier se sentait en colère et percevait qu'il allait dire ou faire quelque chose qui ne se faisait pas, il prenait de grandes feuilles à dessin, des pastels à disposition et gribouillait sa colère. Puis il froissait sa feuille en criant bien fort, en disant « Je suis très en colèèèrreeee ! » et jetait la feuille dans le poêle. C'était très efficace pour exprimer sa colère. Ensuite, nous pouvions en parler. Sur la petite enfance, nous avons aussi proposé un coussin dédié à la colère. Ils pouvaient le gribouiller avec des feutres prévus à cet effet, dire des gros mots, lui taper dessus. Ils adoraient. Ils se sentaient beaucoup mieux après et nous pouvions réaborder la situation.
  • Nous sommes convenu avec nos enfants plus grands, lors d'un conflit qui semble grandir (j'ai envie d'imposer ma solution, de crier plus fort que l'autre...), en l'absence d'un tiers médiateur possible disponible dans la maison, que chacun va dans sa chambre. Il est possible d'appeler quelqu'un au téléphone pour en parler ou simplement d'attendre le soir pour réaborder la situation ou encore d'attendre que chacun-e soit moins fâché-e (assez souvent réaborder une situation conflictuelle avec du recul et de l'humour suffit à désamorcer le conflit) ou de le noter pour le prochain conseil. Le conseil permet de réaborder dans un cadre sécurisant des situations sensibles, problématiques, qui se répètent.


Solliciter le conseil pour faire évoluer les règles de la maison ou proposer un projet

Par ailleurs, les enfants ont su solliciter le conseil pour faire évoluer les règles de la maison ou proposer un projet. Il peut être nécessaire que plusieurs conseils aient lieu avant qu'un changement ne soit convenu, un projet accepté. Chez nous, chaque enfant a eu de l'argent de poche tôt (50 centimes d'euro vers 5 ans et demi, dès lors qu'il savait compter jusqu'à cent en comprenant les quantités). Cet argent de poche n'était pas conditionné par un comportement, c'était un droit. L'enfant pouvait dépenser cet argent pour ce qu'il souhaitait pourvu que cela ne le mette pas en danger.

Un enfant a eu l'opportunité d'acheter un lapin pour 2 euros à un de ses amis qui en vendait sur le marché pour se faire de l'argent de poche avec l'aide de sa grand-mère. Ce projet ne nous plaisait pas au départ car les animaux impliquent des contraintes. Nous avons pris le temps d'y réfléchir et avons anticipé avec lui :

• Qui va s'en occuper ? Ce que signifie concrètement s'occuper d'un lapin...

• Dans quoi mettre le lapin ? (L'enfant a construit une cage en bois avec son grand-père et son oncle.)

• Nous étions d'accord pour acheter de la paille, du foin et du granulé.


Cela a soulevé un réel enthousiasme dans la fratrie et chaque enfant a pu avoir un lapin... Dès 3 ans pour notre plus jeune, offert par notre aîné... Il y a eu un nombre certain de conseils sur le soin aux lapins, une fois la période d'effervescence passée. Nous savions avant d'accepter que c'était difficile pour un enfant de s'occuper d'un animal sur la durée. Nous n'étions pas d'accord de revenir néanmoins sur ce point. Un enfant a créé un tableau hebdomadaire où chaque enfant s'occupait d'une seule chose à la fois pour l'ensemble des lapins. Il a été inventé pour résoudre un problème de lassitude. Et il a été modifié, amélioré avec les retours de chacun-e lors des conseils. Les enfants ont eu aussi 3 jokers par an pour qu'un adulte s'occupe des lapins à leur place. Le conseil a été l'occasion pendant plusieurs années de créer des ''jokers[1]'' . Chaque personne soumettait au conseil 10 jokers utilisables sur l'année : jouer 2 h ensemble, passer un moment seul-e avec papa, avec maman, avec mon frère, avec ma sœur, laisser deux mois un jeu de construction au salon, avoir un cadeau surprise, acheter un livre, ne pas préparer un repas dans la semaine... Ces jokers étaient en lien avec des besoins, permettaient d'identifier ceux en creux, de se donner une autorisation pour leur faire une place sans attirer l'attention, tomber malade...

Enfin, notre conseil en famille a permis de laisser le choix aux enfants de ne pas partir 6 mois au Québec, de ne pas partir 6 mois en voyage vélo. Ce fut un choix pensé ensemble. Nous avons accepté, leur père et moi, qu'au regard du lien aux amis, à la famille, aux animaux, et de leur joie au quotidien dans les activités qu'ils investissaient, ils puissent dire non à un voyage long.


En conclusion


Notre objectif de parent n'est pas de ''punir'', faire comprendre par la force - ce qui à notre avis est dommageable pour l'enfant, son développement, la relation et est particulièrement peu efficace à long terme - plutôt de stopper les comportements qui sortent du cadre fixé dans la maison, d'inventer de nouvelles façons de faire autres que les prises de pouvoir, par exemple quand nous ne sommes pas d'accord. Cela nous arrive de convenir que nous ne voyons pas les choses de la même façon. Parfois, nous informons que nous allons en reparler au conseil. Nous cherchons dans un premier temps à apaiser les tensions par l'écoute mutuelle, puis à réfléchir ensemble au problème et s'entendre sur un mode d'action. Nous savons qu'être acteurs à résoudre des situations permet aux enfants d'accroître leur confiance en leurs idées, en leurs compétences. Cela permet indéniablement un fort lien de confiance dans la famille, une belle autonomie chez nos jeunes. Et cela a été une forte motivation pour maintenir ces temps de conseil.

Stéphanie Puech, formatrice Gordon et sa famille.

http://epias-education.wixsite.com/parentingblog



Conseil de l'Europe, 1996 : « La participation des enfants à la vie familiale et sociale est essentielle pour garantir un développement harmonieux et les préparer à la vie dans une société libre.(...) Le fait d'écouter les enfants, de traiter les problèmes avec eux, d'accepter leur avis et aussi de leur expliquer pourquoi leurs idées ne sont pas toujours acceptées constitue un moyen important pour lancer une participation. Celle-ci devrait commencer tôt. »

[1]Librement inspiré du joker pour quitter ludiquement la passivité ou joker pour ma santé pour aider les enfants à gérer leur stress de M.J. Dursent Bini

samedi 30 mai 2020

Comment accueillir les émotions du jeune enfant

Un article paru sur le site : Les pros de la petite enfance


Les tout-petits expriment leurs émotions de façon brute, sans filtre. Les adultes qui les entourent, notamment les professionnels qui les accueillent jouent un rôle essentiel dans la réception et la compréhension de ces émotions : pour développer la confiance de l’enfant en lui-même et en les autres. Les explications de Miriam Rasse, directrice de l’Association Pikler Loczy en France*.

Apprendre à observer l’enfant

Emmi Pikler était pédiatre de famille et transmettait ses réflexions aux parents pour les aider à accompagner leur enfant : agir moins et observer plus. Elle a voulu mettre en évidence que le jeune enfant prenait dès l’enfance une part active dans son développement. Ses travaux se sont d’abord portés sur la motricité libre : la capacité de l’enfant à réaliser de lui-même ses acquisitions motrices, un potentiel inscrit dans ses gènes. Ses recherches se sont ensuite étendues à l’activité autonome : sa capacité à initier une activité constructive, « élaborative », à travers laquelle l’enfant construit ses savoirs et développe sa pensée.

L’objectif de l’Association qui porte aujourd’hui son nom est de former les professionnels à l’observation, ou comment être attentif à ce que le tout-petit exprime. En effet avant de savoir parler, l’enfant dispose d’un mode de communication pré-verbal qui passe par le corps, les gestes et les émotions. Le rôle de l’adulte est de chercher à comprendre ces manifestations et de lui donner du temps et de l’espace pour les exprimer.

Comprendre les émotions comme une forme de communication

Les émotions sont d’abord des réflexes de survie, de préservation. La peur, par exemple, est une alerte face à une menace, réelle ou imaginée. La colère, elle, est le résultat d’une frustration face à l’expression d’un besoin non prise en compte. Les émotions jouent donc un rôle très important en termes de communication puisqu’elles disent des choses de nos besoins. Chez le petit enfant, les pleurs ne représentent pas un caprice mais une revendication. Son émotion se manifeste comme une demande de reconnaissance pour protéger son intégrité.

Le bébé exprime ses émotions de façon brute parce qu’il ne sait pas quelle en est l’origine, il s’agit simplement du ressenti d’un état. Il est complètement habité par son émotion : plus que dire qu’il a peur, on pourrait dire qu’il est la peur. Ce n’est que peu à peu qu’il va reconnaître ce qui se passe en lui, grâce aux réponses de l’adulte. « Le bébé seul n’existe pas » disait Winnicott...

Etre un récepteur des émotions du jeune enfant

Le bébé a besoin d’un récepteur, quelqu’un qui va donner un sens à ses émotions. L’adulte lui met à disposition son appareil psychique pour l’aider à les comprendre. L’accompagnement est un travail de pensée pour relier les émotions à leurs causes, par exemple, quand on explique à un enfant pourquoi il a sursauté en voyant ou en touchant quelque chose.
Les émotions sont aussi une façon de maintenir la proximité avec un adulte sur lequel l’enfant sait qu’il peut compter : elles participent ainsi à construire les liens de l’attachement. Le bébé ressent une tension que l’adulte aide à apaiser, en l’aidant à organiser son monde interne. Le tout-petit apprendra alors à communiquer de façon différenciée. D’un ressenti émotionnel, il passe à une expression.

Montrer à l’enfant qu’on l’écoute

Les émotions du jeune enfant nous disent donc toujours quelque chose de lui et c’est à l’adulte de les décoder, en restant attentif, disponible, réceptif – le principe même de l’empathie. Pourquoi est-il aussi dispersé ? Souvent, c’est parce qu’il a un sentiment d’insécurité. Pourquoi tape-t-il ? C’est généralement un moyen de défense, de protection, quand l’enfant se sent attaqué. Cela révèle souvent un sentiment d’impuissance : il ne se sent pas reconnu dans ce qui le définit. Et l’impuissance est le contraire de la compétence qui correspond à la prise en compte d’une situation et l’ajustement de son attitude par rapport à elle. Par exemple, si l’enfant se crispe quand on lui passe un gant sur la peau, rêche ou trop froid, ou bien qu’il détourne la tête quand on lui tend la cuillère pour le faire manger parce qu’il n’a plus faim, en fait il se défend. L’adulte, parce qu’il a des compétences, peut prendre en compte cette réaction et modifier sa manière de faire, ainsi l’enfant se sentira écouté. La prise en compte des émotions par l’adulte participe donc à la construction de l’estime de soi chez l’enfant.

Adopter une réaction adaptée

Les émotions de l’enfant ne sont pas à banaliser. Par exemple, si l’enfant tombe, on évite de dire « ce n’est pas grave, ne pleure pas ». Au contraire, il faut le laisser s’exprimer. Il peut seulement recommencer à penser calmement quand son émotion est partagée.
Il est important de différencier émotions et comportements. Toutes les émotions doivent être acceptées. Si on les réprime, l’enfant se révolte et peut devenir « difficile », inquiet, agité. Il n’a plus confiance en l’adulte et se retrouve seul avec des émotions dont il ne sait que faire. Ce sont les comportements que l’on peut refuser. On ne dit pas qu’un enfant est méchant, mais que son geste n’est pas acceptable. Ainsi plutôt que dire à l’enfant « tu lui fais mal » - ce qui insinue qu’il aurait prêté une intention dans son geste -, on lui dira « ça fait mal ». Sa personne ne doit jamais être mise en cause.
L’adulte peut d’abord reconnaître l’émotion de l’enfant : avant de lui dire pourquoi il ne peut pas prendre le jouet d’un autre, il peut lui dire « tu as envie de ce jouet ». Au lieu de lui dire seulement qu’il sera servi à son tour comme les autres, il peut lui dire « je vois que tu es impatient de manger ». Il se sentira ainsi écouté et pas directement empêché dans son action. L’adulte peut aussi aider l’enfant à trouver d’autres solutions. Il ne peut pas prendre le jouet d’un camarade, mais il peut essayer de trouver un autre jouet semblable ou qui lui plaît. L’adulte a un rôle de médiateur, il fait un travail de différenciation entre l’enfant et les autres.

Se comporter en allié

Cet engagement émotionnel de l’adulte n’est pas simple car les émotions des tout-petits sont intenses voire envahissantes. Elles viennent aussi parfois rencontrer nos propres émotions ou expériences. On peut être agacé parce qu’on reconnait chez l’un des enfants un petit qui nous a embêté dans l’enfance, ou bien parce qu’on se sent coupable, pas à la hauteur. C’est souvent ce qui nous pousse à distraire l’enfant de ses émotions, à les ignorer : on cherche à s’en protéger. Mais l’enfant a besoin de l’adulte sinon il se sent abandonné. Ce n’est pas pour punir un enfant qu’on lui demande se s’assoir au calme dans un coin, mais bien pour qu’il s’apaise. L’adulte n’est pas un juge de l’enfant, mais un allié résolument de son côté.
Peu à peu l’enfant trouve d’autres moyens pour s’exprimer, il se sert de plus en plus des modes symboliques : il utilise le jeu puis la parole, son comportement change. Le rôle de l’adulte ici est de lui laisser de la place et du temps, de l’engager à parler plutôt qu’à agir. On peut même concevoir de le laisser faire des jeux violents (qui ne portent pas atteinte aux autres enfants ni à lui-même bien sûr), comme fabriquer des épées ou malmener la poupée. Lui lire des contes ou des histoires est une autre façon de lui parler de ses émotions et qu’il se sente autorisé à les exprimer.
Les adultes non plus ne doivent pas se sentir seuls. Ils doivent pouvoir compter sur une équipe : partager pour ne pas être démunis, penser ensemble, être accueillis sans jugement… comme le tout-petit.


*A l’occasion de son intervention sur « l’approche Piklérienne dans la prise en charge des émotions de l’enfant », lors des Journées Nationales d’Etudes des Puéricultrices qui se sont tenues du 14 au 16 juin 2017.

Pour aller plus loin, suivre notre formation en ligne : Comprendre et accompagner les émotions de l'enfant.
Article rédigé par : Armelle Bérard Bergery


PUBLIÉ LE 30 JUIN 2017

mardi 19 mai 2020

Les mots sont des fenêtres .. ou bien ce sont des murs

Un webinaire à destination des chefs d'établissement et enseignants, pour les soutenir dans leurs relations avec les familles, dans le cadre de leur mission de continuité pédagogique. 

4ème épisode : Les mots sont des fenêtres ou bien ce sont des murs. 

Animé par Véronique Gaspard, avec le soutien de Catherine Schmider, formatrices en Communication NonViolente certifiées par le CNVC.



Dans ce webinaire, il est question de ce qui peut entraver la communication bienveillante. Marshall Rosemberg parle de "communication aliénante" pour traduire les habitudes qui nous coupent du lien à l'autre. Nous pouvons observer combien au quotidien nous avons cette tendance à juger, moraliser, diviser le monde en bien et mal. La CNV n'exige pas que nous arrêtions de nous comporter ainsi, elle invite à observer ce que nous disons ou faisons, et l'impact que cela peut avoir sur nous et sur autrui Nous avons ainsi le choix de communiquer d'une autre manière, si  nous avons l'intention de faciliter nos relations et nous rendre la vie "plus belle". Voici en synthèse ce que nous dit Marshall Rosemberg dans son livre phare "Les mots sont des fenêtres (ou bien ce sont des murs"

Voici donc les ingrédients qui nous coupent de nos élans de vie.

« Par delà les notions de bien et de mal, il y a un champs. C'est là-bas que je te retrouverai »  (Jalal Al-Din Rumi)

Les jugements moralisateurs font partie de ces modes de communication qui nous coupent  de nos élans de cœur et qui incitent  à des mouvements violents  Dans le jugement, nous disons que l'autre est dans le faux ou dans le vrai en fonction de nos jugements de valeur.

 Exemples de paroles qui sont des jugements : "Le problème avec toi, c'est que tu es égoïste.." "Cette élève est paresseuse...." Cette personne est obtus, bourrée de préjugés...Ce n'est pas correct de penser comme ça..."

(reproches, insultes, dénigrements, étiquettes, comparaisons, diagnostics...) 

  • Dans ce monde polarisé entre le bien et le mal, les autres sont rangés, catégorisés ; celui qui n'agit pas comme je le veux est jugé comme "bizarre", "fou"...Quelqu'un qui agit à sa manière est "anormal" ….
  • Ce fonctionnement qui consiste à juger en bien ou en mal en fonction de ce que l'on désire obtenir ou vivre est l'expression tragique de nos besoins. Par exemple, si ma compagne a besoin de plus d'attention que moi, je la juge « exigeante et dépendante » ; par contre, si c'est moi qui ai besoin de plus de tendresse, je dirai qu'elle est « insensible et lointaine » ; si mon collègue est plus attentif aux détails que moi , je dirai qu'il est "pointilleux ou maniaque" ; si c'est moi qui ai besoin de précisions, je dirai de l'autre qu'il est "brouillon et inorganisé".
  • L'expression est  "tragique" car lorsque nous nous exprimons ainsi , nous risquons d'alimenter des réactions de défenses et de résistances. Si les personnes acceptent de se conformer à nos valeurs, ils le feront alors par crainte, culpabilité ou honte. Ceux-là pourront nourrir de la rancoeur et alimentent une mauvaise estime d'eux-mêmes.


Nous pouvons différencier "jugements de valeurs" et "jugement moral" : 

  • Les jugements de valeur reflètent nos idées et nos convictions profondes (exemple : l'honnêteté, la justice, la liberté, la paix...)Il nous est important de les exprimer. 

Exemple : J'aime l'honnêteté dans mes relations amicales.

  •  Les jugements moralisateurs sont des torts que j'attribue à l'autre lorsqu'il  ne se trouve pas dans la lignée de mes jugements de valeurs.

Exemple  « Arnaud est malhonnête parce qu'il ne me dit pas ce qu'il ressent ».  En CNV, je peux dire plutôt : « Je suis triste lorsque je vois qu'Arnaud n'ose pas exprimer ses sentiments par peur d'être jugé. Je préférerais que notre amitié soit basée sur la confiance et la réciprocité."

  • Lorsqu'on s'exprime en jugeant ou en cataloguant les autres, on favorise la violence : le « méchant » a alors le droit d'être puni, les conflits viennent de l'autre. Les parties en conflits ne tiennent pas compte des sentiments et besoins qui sous-tendent les comportements.

2) La comparaison est une forme de jugement

Se comparer aux autres crée de la souffrance, que ce soit la comparaison physique, matérielle ou au niveau de notre réalisation . Par exemple, le fait de se comparer à ce qu'a réalisé Mozart quand on est musicien, ne peut apporter que de la déception, de la tristesse ou de la frustration. Cela a un impact sur notre estime de soi. Lorsqu'on compare des enfants entre eux, on peut passer à côté de l'unicité de chaque être et de son parcours singulier. Cela peut créer de la souffrance pour celui qui se voit comparé.

3) Le refus de responsabilité : 
  • Le fait de nier ses responsabilités nous empêche d'accéder pleinement à la responsabilités de nos pensées, sentiments et actes. Ce refus de responsabilité apparaît dans l'expression tellement usité  de "il faut" !

 "Il y a certaine choses qu'il faut que tu fasses que ça te plaise ou non...!" 

  • Il est plus juste d'exprimer ce que je ressens lorsque l'autre ne fait pas ce que j'aimerais qu'il fasse. Comment cela vient-il me toucher ? Et quels sont mes besoins inexprimés ou insatisfaits à ce moment-là? Par exemple : "Quand tu ne ranges pas ta chambre, je suis contrariée parce que j'ai à coeur que ma maison soit en ordre. Cela m'apporte de l'harmonie et de la douceur au quotidien."
  • Lorsqu'on utilise le « tu », c'est une autre manière de rejeter la responsabilité sur l'autre. La CNV invite encore une fois à exprimer nos sentiments et besoins    en parlant de soi  : "Je me sens ... quand tu dis, fais, ......parce que j'ai besoin de ......"

Exemple "Tu me culpabilises !"  est un langage aliénant.

4) Les exigences

« En soi, l'exigence fait explicitement ou implicitement planer sur le destinataire la menace s'un reproche ou d'une punition au cas où il ne s'y plierait pas. Or il n'est pas dans notre pouvoir de faire faire quelque chose à quelqu'un » dit Marshall Rosemberg. 

5) Les mérites et récompenses

Il est dans l'intérêt de chacun de changer parce qu'il sent que ce changement lui sera bénéfique plutôt que de subir une punition ou une récompense parce que notre comportement est jugé néfaste. 

« La communication aliénante est à la fois un produit et un pilier de nos sociétés fondées sur des principes de hierarchie ou de domination" (Marshall Rosemberg)

dimanche 17 mai 2020

Enfants et confinement : “Je crains la montée en puissance des phobies scolaires” (S.Marinopoulos)




Julia Vergely de Télérama
Publié le 07/05/2020.

Sophie Marinopoulos, psychanalyste spécialiste de l’enfance, a pu observer les relations parents-enfants en cette période de confinement. Selon elle, on ne pourra pas demander aux enfants de tout de suite “faire école”, de mettre les bouchées doubles. Le déconfinement est un cheminement.






Après huit semaines de confinement et d’école à la maison, dans des conditions sanitaires et sociales loin d’être égalitaires, de nombreuses familles expriment leur mal-être et semblent au bord de l’implosion. Sophie Marinopoulos, psychanalyste spécialiste de l’enfance, est une observatrice privilégiée de relations parents-enfants, notamment grâce à son association Les pâtes au beurre.

Depuis le 19 mars dernier, elle a ouvert une ligne d’écoute, « confinés mais pas seuls » (1) pour les parents qui se sentent débordés. Elle a ainsi pu faire des constats sur l’état psychique des familles confinées et penser le déconfinement pour les enfants. Elle publie aux éditions Les Liens qui libèrent, l’ouvrage numérique Un virus à deux têtes. Traversée en famille au temps du Covid-19 (disponible ici pour 2,90 euros, les droits d’auteur seront reversés à son association).

Quelles ont été les premières conséquences de ce confinement sur les familles ?

Ce confinement est l’histoire d’une rupture : une modification interne très profonde, toujours violente. C’est un choc émotionnel. Le confinement a donc obligé chacun, parents, enfants, à se redéfinir, et à redéfinir leur relation, avec plus ou moins de heurts. On a parlé des inégalités sociales et matérielles, évidemment, mais peu des inégalités psychiques : on n’a pas tous les mêmes ressources, ni la même capacité à supporter l’autre, avec ses exigences. Et les enfants sont devenus très exigeants dans ce confinement.

“Dans la vie normale, on peut se supporter justement parce qu’on se sépare et qu’on se retrouve.”


Mais surtout, ils ont été 24 heures sur 24 sous les yeux de leurs parents, et inversement. Les parents, face à l’amour de leur vie, ont vu leur narcissisme essentiel s’effriter un peu : parfois, leur enfant ne veut pas travailler, il n’en a rien à faire de l’école, ça ne l’intéresse pas, il trouve que son parent explique mal… C’est une attaque au narcissisme parental ! Ils ont découvert un enfant qui, finalement, ne jouait pas toujours le jeu. Pour les parents, cela peut sembler injuste ou inadmissible. On oublie trop souvent l’enfance et sa logique, on voudrait des enfants sans l’enfance, cela n’a pas changé avec le confinement. Je parle depuis longtemps de malnutrition culturelle, de malnutrition dans nos relations humaines et familiales : nous n’étions pas déjà en grande forme dans nos relations les uns avec les autres avant ce confinement.

En quoi les relations se sont-elles encore dégradées ?

Dans la vie normale, on peut se supporter justement parce qu’on se sépare et qu’on se retrouve. La séparation promet les retrouvailles, et d’ailleurs, la première chose avec laquelle les enfants savent très bien jouer, c’est le cacher/coucou. Ce qui fonde notre équilibre relationnel est qu’on peut se perdre de vue pour mieux se retrouver, et donc se raconter, se dire des choses. Là, on a été totalement privé de cette dimension.

Les parents qu’on a eus au téléphone nous décrivaient ce qu’ils vivaient, parfois on entendait hurler dans la maison et on avait beaucoup de mal à échanger. Ils cherchaient tous des ressources. Comment vivre ainsi, les uns sur les autres ? Ils étaient à bout. On n’a pas tous la même capacité à avoir de la patience, à comprendre l’enfant, dans ce qu’il est. Mais aussi, comme on a perdu l’habitude de comprendre l’enfant, comme on aime vraiment tout rationaliser dans nos vies, on cherche à rationaliser un enfant.

Les parents ont été bouffés par des informations statistiques, sur le nombre de morts, avec des schémas, ils ont été absolument envahis par des choses extrêmement anxiogènes. On commence à entendre chez eux, ce qu’on déteste entendre, nous les psy : « Il fait exprès pour m’embêter », « il fait exprès de pas apprendre »... Quand on décrit un enfant non plus comme un enfant, mais comme un agresseur, qu’on pense qu’il est menaçant, c’est l’origine de la violence et de la maltraitance.

“J’ai peur de la montée en puissance de l’anxiété majeure, qui ne s’exprime pas toujours chez les enfants.”


Comment faire pour éviter cela ?

Il faut qu’on puisse reprendre un peu de mouvement, pour, physiquement et psychiquement, se dégager les uns des autres. Il va falloir y aller, mais les mots choisis par le gouvernement ne sont pas ceux qui permettent de transformer la peur en quelque chose de rassurant. Au contraire, on voit la peur devenir une angoisse et, à l’inverse de la peur, on ne peut pas raisonner une angoisse. Les parents sont pris entre deux feux : ils veulent sortir de ce confinement, de cet état de grand mal-être, de grande souffrance et, en même temps, quand on leur dit que l’école va reprendre, ils ne veulent pas que leur enfant s’y rendent, parce que les garanties ne sont pas claires...

Quelles seront les conséquences du confinement sur les enfants ?

Hier, mon petit-fils de 2 ans et demi, a répondu à sa maman, qui voulait lui donner la main pour traverser la rue : « Non, je suis propre. » On avait l’impression qu’il ne comprenait pas grand- chose, mais il avait pourtant intégré bien des aspects : cette main protectrice, maternelle, qui empêche de se faire écraser, qui est tout pour lui d’ordinaire, soudainement il n’en veut pas, il l’interprète comme quelque chose de dangereux.

Les traces psychiques de ce confinement sur les enfants, on les voit arriver petit à petit dans notre quotidien. Je pense qu’en septembre on aura une bonne idée de l’état psychique des enfants et de notre santé relationnelle et culturelle. Il faut prendre les choses à bras-le-corps dès maintenant, quand le psychisme est atteint, il ne se redresse pas comme ça, du jour au lendemain. J’ai peur de la montée en puissance des phobies scolaires, de l’anxiété majeure, qui ne s’exprime pas toujours chez les enfants, et des mécanismes défensifs obsessionnels.

Je redoute qu’on ait également des évitements relationnels très importants. Chez les enfants comme chez les adultes. L’autre, qui déjà jusqu’à présent était très vite l’étrange ou l’étranger, va devenir encore plus suspect, dans une dimension sanitaire : est-il vraiment propre ? Puis-je lui faire confiance ? Moins on fait ensemble, plus on est mis en danger dans notre capacité à vivre pacifié. Il va falloir une vigilance qui est, pour moi, une question centrale de santé publique.

“Il faut mettre de la narration au cœur de nos apprentissages : chanter, danser, créer avec du matériel artistique...”

Peut-on parler de traumatisme ?

Être traumatisé, c’est quand notre appareil à penser n’arrive plus à penser ce qui nous arrive : on est tellement pris par l’émotion, il y a une telle bouffée émotionnelle, que notre appareil psychique n’arrive pas à la contenir, et ça déborde. Donc oui, il y a énormément de familles qui se retrouvent dans cette situation traumatique et qui sont psychiquement très mal. On ne va pas sortir indemnes.

Et remarquez que le gouvernement ne parle pas du tout de santé psychique : la santé, elle n’est que physique. Quels sont les gestes sanitaires psychiques à adopter ? Personne ne dit rien. Sur le déconfinement, il y a pourtant des choses qui me semblent incontournables à faire pour les enfants, pour les parents, pour que chacun retombe sur ses pattes et se remette à penser. Le déconfinement est un cheminement.


Que préconisez-vous pour un retour apaisé à une vie plus normale ?
Il ne va pas falloir demander aux enfants de tout de suite « faire école », de mettre les bouchées doubles parce qu’on aurait pris du retard sur le programme. Au contraire, il faut véritablement leur proposer des sas de décompression, où ils pourront se raconter. Il faut mettre de la narration au cœur de nos apprentissages : chanter, danser, créer avec du matériel artistique, demander à ce que l’école soit une association de pédagogues et d’artistes. La santé culturelle joue un rôle énorme. Si on n’aide pas les enfants à se désintoxiquer de ce qu’ils ont vécu, ils ne vont pas pouvoir reprendre le chemin du savoir aussi simplement.

        


Les parents vont devoir également arriver à créer des espaces de dialogue et d’échange pour dépasser leur besoin de savoir si leur enfant, s’il retourne à l’école, s’est bien lavé les mains, s’il a bien respecté les distances, etc. Il faut plutôt l’aider à se raconter : ce qu’il a fait, le plaisir d’avoir revu les copains. Penser à mettre du narratif plutôt que de lui demander de nous aider à supporter notre angoisse : se déconfiner, c’est aussi se désintoxiquer et donc se parler. La parole est un geste sanitaire psychique essentiel pour que les colères et les mauvaises nuits s’arrêtent.

“Il faut faire l’école dehors avec les enfants et les amener à apprendre à partir de la nature.”


Dans quelle situation la famille déconfinée se trouvera-t-elle ?

Quand on va sortir de l’état de sidération, nous devrons nous réinventer. Quel sens a le fait d’aller au travail, d’être loin de ses enfants, de courir comme des malades, d’avoir ce rythme de vie de dingue alors qu’on a réussi à faire deux mois sans... Il va y avoir des questionnements internes, intrafamiliale, mais aussi sociales, culturelles qui vont peut-être aller vers ce nouveau monde. Qu’est-ce que la famille de l’après-Covid-19 ? J’espère que cette famille va se pencher sur les programmes scolaires de ses enfants et se rendre compte qu’on ne leur parle jamais d’écosystème, d’environnement, ou d’entraide. Les programmes sont d’une pauvreté par rapport à ce que nous sommes en train de traverser ! Je souhaite qu’il y ait des changements majeurs, sous l’impulsion des familles.

L’idée est sûrement un peu utopique, mais il faut faire l’école dehors avec les enfants et les amener à apprendre à partir de la nature. Dans la Commission des 1 000 jours, lancée par le gouvernement et à laquelle je participe, j’ai demandé à ce que les crèches disposent d’un espace extérieur pour que les enfants puissent vivre en contact avec la nature. J’ai senti les freins, pas des membres de la commission, mais sur la possibilité de le mettre en place. Comment faire si on n’instaure pas de règles, ni d’obligations ? Si on laisse les promoteurs décider de l’espace pour construire une crèche (mettre un maximum d’enfants dans un minimum de place), il est évident que les enfants n’auront jamais accès à la nature.


(1) Le 02 40 16 06 52, du lundi au vendredi de 9 heures à 21 heures et le samedi de 9 heures à 12 heures.

samedi 16 mai 2020

Comment gérer son stress et celui de ses élèves lors du déconfinement?



Article de Marina Dumas, Ph.D, H. Poncet-Kalifa (psychologues), Dr. Coline Stordeur, Dr. Emma Baron, Dr. Alexandre Hubert, Pr Richard Delorme (pédopsychiatres).

Centre d’excellence des troubles du neurodéveloppement, Hôpital Robert Debré, Paris




La crise du Covid-19 a imposé un confinement assez prolongé associé à des inquiétudes. Vous avez malgré tout su vous adapter rapidement et innover pour continuer à enseigner, mais à distance. Bravo !

Le déconfinement nous inquiète tous, en tant qu’adultes mais aussi en tant que professionnels de l’enfance. La reprise du travail en présentiel est envisagée par les enseignants comme particulièrement difficile : non seulement les modalités de reprise restent incertaines, mais en plus la crainte d’être infecté par les élèves est très importante.



Avant tout, voici une précision importante :


# Le risque de contamination par les enfants paraît faible au vu des données scientifiques récentes. Avant le confinement, on pensait que les enfants étaient très contagieux, ce qui ne semble plus le cas pour les enfants de moins de 10 ans. Il y a plusieurs publications dont celle du comité scientifique Covid-19 du Ministère de la Santé qui soulignent ce point. Cependant, le stress des enseignants est palpable et les nouvelles organisations dressent un schéma incertain qu’il faut appréhender.
Voici quelques outils pour mieux prévenir et gérer votre stress, mais aussi celui de vos élèves lors de la reprise scolaire qui s’annonce.


Prévenir la survenue d’une anxiété importante : je prends soin de moi

Les missions habituelles qui vous sont confiées se modifient sensiblement. Il s’agit toujours de continuer votre travail d'enseignant, mais dans un contexte qui facilite l'émergence d’une tension importante. Vous pouvez vous trouver fragilisé et plus sensible émotionnellement. Prendre soin de soi est un enjeu majeur pour être à l’aise dans la reprise de son travail en présentiel.

# Je veille à mon hygiène de vie : 
  • Je privilégie une alimentation saine et variée. 
  • Je limite ma consommation d’alcool et de tabac, particulièrement avant le coucher.
  •  Je m’accorde une bonne nuit de sommeil (un adulte a besoin en moyenne entre 7 et 9 heures de sommeil par jour). 
  • Je vis autant que possible avec des horaires réguliers. 
  • Je prends soins de mon corps en faisant de l’exercice physique (au moins 20 minutes par jours! La marche rapide compte aussi). 
  • J’évite les chaînes d’infos en continu et tous les alertes sur mon téléphone qui me donnent des informations - le plus souvent stressantes - à toute heure de la journée.

# Je prévois quotidiennement au moins 3 activités agréables qui me ressourcent : écouter de la musique, un podcast, lire, regarder un film, une série, prendre un bain, téléphoner à un ami, cuisiner, chanter, regarder un guide de voyage, dessiner, faire de la musique, tricoter... 
Je peux relever quotidiennement 3 moments positifs et me les remémorer en détail le soir.

# Je cherche du soutien auprès de mon entourage (ma famille, mes amis, mes collègues).
  • J’identifie les personnes-ressources : celles avec lesquelles je suis à l’aise pour partager mes émotions, mes inquiétudes, ma souffrance et aussi celles avec lesquelles je ressens des émotions agréables, avec lesquelles je passe facilement de bons moments.
  • Je peux les appeler, leur envoyer des emails ou même organiser des visio avec eux. Il est important de programmer des rendez-vous avec ses amis. Dans la course du quotidien et le stress, il est parfois difficile d’établir et de maintenir des routines agréables. Très vite on se met à parer à l’essentiel, et - paradoxalement - c’est rarement les activités les plus agréables que l’on maintient lorsqu’on commence à se sentir moins bien.
  • Je m’autorise à exprimer mes besoins à mes proches, par exemple lorsque je n’ai pas envie de parler ou si j’ai besoin d’un moment au calme. Je peux m’inspirer de techniques d’affirmation de soi: Cliquez ici
# Je fais des exercices de relaxation, de respiration.

  • En prévention d’une situation de stress plus intense, je mets en place la technique la plus adaptée de respiration que l’on appelle la cohérence cardiaque pour aider son corps à se stabiliser et à ressentir un bien-être. Le corps qui a appris à être au calme va se détendre plus facilement au moment de stress. Attention : pour que cela soit efficace, il est important d’être régulier ! Nous vous conseillons de faire tous les jours de la cohérence cardiaque, 5 minutes x 3 fois par jour. La clef du succès est la répétition.
  • Il existe différents exercices gratuits sur youtube : ICI
  • Vous pouvez aussi télécharger l’application Respirelax

# J’applique 3 règles de prévention : je hiérarchise, je m’épargne et je me montre indulgent envers moi-même.
  • Je hiérarchise : Posez-vous la question suivante : « Qu’est-ce qui est le plus important tout de suite ? » Exemple : Faire à manger ou répondre à mon enfant qui a besoin de moi à cet instant ?
  • Je m’épargne: Évitez également de prévoir des tâches avec trop d’objectifs. Fractionnez-les ou déléguez une partie à vos proches
  • Je me montre indulgent avec moi-même: On n’est pas un mauvais enseignant parce qu’on modifie certaines règles afin de favoriser le vivre-ensemble durant cette période. Certaines règles devront être assouplies, d’autres instaurées
Mon anxiété est assez importante et je veux essayer de mieux la contrôler

# Savoir repérer des émotions, des idées ou des symptômes physiques qui montrent que je me sens fatigué(e), voire épuisé(e). Si je suis dans le rouge, cela signifie qu’il faut agir plus intensément et sans tarder.







# Faire des exercices de respiration (plusieurs techniques).


Ces exercices peuvent être faits quand je sens que je suis en perte d'énergie. Faites attention au rythme : rappelez-vous que lorsqu'on est stressé, on a tendance à respirer de façon plus superficielle, la respiration s'accélère, le battement du cœur aussi, et on se sent vite essoufflé, ce qui contribue au sentiment d'épuisement… Pour vous aider à compter les secondes, vous pouvez indiquer le rythme 1 -2 -3 avec vos doigts.

  • La technique de respiration dite du « petit chien »
J’inspire par le nez, pendant 5 secondes
Je bloque mon souffle, pendant 4 secondes
J’expire par la bouche pendant 3 secondes

  • La technique de respiration « 5-4-3-2-1 »
L'exercice 5_4_3_2_1 est un exercice de stabilisation émotionnelle. Ce lien permet de faire cet exercice d’une durée de 15 minutes en étant guidé : ICI


  • La technique de respiration dite « anti-panique 
Je vide bien mes poumons
J’inspire lentement et amplement pendant 4 secondes
Je bloque l’air dans mes poumons pendant 10 secondes. Je sens une contraction du thorax
Je souffle doucement pendant 7 secondes comme si je cherche à faire bouger la flamme d’une bougie sans l'éteindre.
Je recommence 4 à 5 fois jusqu’à percevoir des sensations de relâchement. Puis, je poursuis avec une respiration normale, lente, sur 4 à 5 cycles de respiration.


# « Partout où je suis, je fais une pause ». En seulement 4 minutes, en salle des maîtres, entre deux cours ou dans votre voiture sur le parking, vous pouvez discrètement faire une pause.
  • Je prends le temps de m’arrêter. Je m'assois. Je ferme les yeux. Je note les sensations qui apparaissent et j’observe les éventuelles crispations, tensions, douleurs.
  • Je porte mon attention à mon souffle, sans le modifier. Je suis chaque inspiration et chaque expiration, pendant quelques cycles de respiration.
  • Les yeux fermés, je perçois juste les sons. Puis j’ouvre les yeux et je porte attention à la pièce dans laquelle je me trouve. Je prends une grande respiration. Je souffle, je sens la chaise sur laquelle je suis assise, je me lève, je secoue mes mains, bras, jambes. Et je peux reprendre mon activité.
# Tout au long de la journée : je m'entraîne à la mentalisation positive.
Une fois que je suis au calme, après la pause, la relaxation ou la cohérence cardiaque, je me rappelle « les petites choses qui font que j’aime mon/mes enfant(s) », « la dernière fois qu’il/ elle/ils m’ont ému(e)(s) », « ce qui donne du sens à mon métier », « mon dernier fou-rire avec mes amis »… Je peux me faire un album photo mental ou un album photo physique avec des photos qui me font du bien.

# En fin de journée :
j’essaie de me ressourcer et de réfléchir aux éléments positifs de la journée. Même s’il y a eu des moments difficiles, il y a probablement eu également des bons moments. Pensez à ceux-là en vous disant :
  • Qu’est-ce que j’ai fait aujourd’hui qui m’a apporté un peu de satisfaction ? Qu’est-ce que j’ai vu, entendu, ressenti aujourd’hui de suffisamment bon ?
  • Qu’est-ce que quelqu’un d’autre a fait aujourd’hui qui m’a apporté un peu de satisfaction ?
  • On peut aussi faire cet exercice lors d’une petite réunion familiale en fin de journée en s’interrogeant à tour de rôle et en partageant.
  • Je finis cet exercice en me disant : « JE FAIS CE QUE JE PEUX » et j'apprends à me dire cette phrase plusieurs fois par jour.
# Ne pas hésiter à prendre contact avec un professionnel.
Ne vous isolez pas, partagez votre vécu avec vos proches et vos collègues : ils comprendront !


L’association Croix Rouge Écoute est disponible de 8h à 20h et 7j/7 : 0 800 858 858. L’aide psychologique est d’autant plus efficace qu’elle intervient rapidement.


Comment gérer le stress de mes élèves ?

La gestion du stress de la classe n’est jamais simple. Il y a une vraie dynamique de classe qu’il est important de mobiliser. Vous connaissez parfaitement votre classe, et vous verrez combien finalement les enfants sont heureux de revenir à l’école et de reprendre leurs habitudes.

Cependant, cela ne saurait cacher un certain nombre d’inquiétudes chez vos élèves.

* Elles sont toutes assez communes, et donc vous avez déjà l’habitude de les gérer. Elles seront juste un peu plus intenses ou présentes chez un plus grand nombre d'élèves. Il peut s’agir par exemple de la peur de résultats scolaires insuffisants, de l’échec, de la séparation avec leur famille, d’un déménagement qui aura lieu prochainement...

* Il risque cependant d’y avoir de nouvelles préoccupations qui correspondent aux préoccupations concrètes des enfants dans ces situations de crise sanitaire et économique. Par exemple, la peur d’être infecté par le Covid-19, la gestion des règles de distanciation sociale, ou encore la peur des difficultés économiques (16% des enfants de moins de 10 ans s’inquiètent durant la crise de l’impact économique de la crise sur la vie de leur famille...)
Bien évidemment, les stratégies globales de gestion de la classe dépendent de l’âge développemental des enfants dont vous avez la charge, vous le savez bien. Nous vous rappelons juste quelques outils généraux qui peuvent vous être utiles pour gérer le stress de la classe.

# Continuez d’assurer une communication de qualité avec vos élèves.
  • Favoriser une discussion entre élèves quant à la situation. Ne les forcer pas à parler du Covid. Favoriser simplement une discussion simple où chaque élève pourra raconter vraiment une situation qu’il a bien aimée depuis la fermeture de l’école.
  • Vous pouvez prendre part à la discussion en régulant les tours de paroles.
  • Pour les plus grands, cela peut être aussi le début d’un thème à l’écrit ou d’un travail en art plastique.
  • Si on vous interpelle, corrigez les idées fausses et luttez contre la stigmatisation (par exemple, évitez les termes tels que "virus chinois" pour évoquer le coronavirus CoVID-19). Il est important que l’information soit claire pour vous afin de lutter contre la désinformation.

# Assurez la sécurité de vos élèves (et de vous-même). Vous connaissez les règles de distanciation sociale adaptée à votre établissement, vous connaissez vos élèves. La sécurité sera affaire d’ajustement entre les deux.
Il y a un message assez complexe à faire passer mêlant la sécurité individuelle et la sécurité collective: Protéger les autres, c’est se protéger soi-même.
Pour les enfants de classe primaire, les slogans diffusés par les médias provenant de Santé Publique France peuvent être vraiment utiles (ICI). Les enfants les ont déjà entendus.
Chaque école aura un aménagement qui lui est propre. Donc il faudra bien expliquer les nouvelles règles de l’école à vos élèves.
Beaucoup d’enfants n’ont pas connaissance des mesures barrières ou ont du mal à les appliquer systématiquement (il faudra apprendre à les gérer dans des situations complexes comme les temps de récréation ou de repas)
Pensez à féliciter vos élèves lorsqu'ils respectent les gestes barrières.

Pour les plus petits (maternelles - CP):

Proposez des activités ludiques autour de la prévention: création d’affichette avec les règles de base, atelier lavage de main.
Vous pouvez familiariser les enfants à exprimer leurs émotions, par exemple choisir une couleur par état d'esprit (sérénité, joie, anxiété, etc …) que l’élève pourra afficher sur son bureau en début de journée. On peut également proposer un cahier pour suivre l’évolution dans la journée et la semaine.

Pour les plus grands (collège/lycée):

Prévoir un temps de discussion ouverte sur la santé mentale: vous sentez vous anxieux, quelles méthodes avez vous trouvé pour aller mieux, etc …
L’afflux d’informations plus ou moins vérifiées est un levier majeur du stress chronique en période de pandémie. Discutez de l’information et de la validité des sources.


# Certains élèves auront peur et seront stressés.

Rassurez-les sur le fait que la peur est une émotion normale et naturelle. La peur se transmet aussi rapidement. Essayez de proposer à l’enfant qui exprime sa peur aux autres élèves un temps de parole plus individuel avec lui.
Introduisez des temps calmes. Des temps de pause en écoutant de la musique, en regardant une vidéo éducative, un temps de dessin ou de lecture dans le calme vont permettre des moments de répit pour les élèves et aussi pour vous. Attention : la lecture n’est pas toujours simple quand on est très stressé - parfois on rumine encore plus).
Introduisez une routine de relaxation en début de classe. Evitez les exercices de respiration si les enfants ne portent pas de masques. Cela oblige souvent à faire des respirations profondes avec des souffles longs - privilégiez les exercices de méditation pour enfant comme par exemple : Cliquer ici

vendredi 15 mai 2020

Former des enseignants aux compétences psycho-sociales

L’académie de Lyon développe à destination des enseignants des formations sur les compétences psycho-sociales dans le but d’améliorer le climat scolaire des écoles de l’académie. Ces formations ont vocation à faire évoluer les pratiques professionnelles des équipes éducatives et pédagogiques. Les services académiques, en partenariat avec l’Université de Clermont-Ferrand étudient par la suite l’impact des formations sur le personnel enseignant et l’impact des nouvelles pratiques pédagogiques sur les élèves (les élèves développent-ils leurs compétences psycho-sociales ?).







avec les
autres élèves, en adoptant des gestes barrières

jeudi 14 mai 2020

Comment occuper les enfants, en répondant à leurs besoins fondamentaux ?


Un article des Ateliers Gordon





Comment occuper les enfants pendant le confinement ou tout autre situation exceptionnelle, en répondant à leurs BESOINS FONDAMENTAUX ?


Depuis le 16 mars 2020, en raison du COVID 19, la France se trouve confinée. Un peu plus de 12 millions d’élèves des écoles, collèges et lycées en France, sont concernés, soit 18,5 % de la population française. Ceci est une source d’inquiétude visiblement plus pour les parents que pour les enfants….

Ces 2 mois sans école nous permettent d’expérimenter d’autres formes d’apprentissages. Ce temps d’apprentissage effectif à l’école n’est pas de 100 % en raison des capacités de concentration de chacun – les élèves ne sont pas des ordinateurs ! et rappelons qu’un enseignant accompagne en moyenne entre 25 et 40 élèves, ce qui réduit de fait les interactions individuelles avec chaque élève.

Pour se rassurer, allons voir du côté de l’instruction à domicile dont près de 25 000 jeunes soit 0,3 % des enfants de 6 à 16 ans bénéficient – CNED ou en famille (recensement 2017). L’instruction est obligatoire en France, mais pas l’école…

L’instruction à domicile efficace n’est pas la reproduction de l’école. A la maison, pour être efficace, le style éducatif sera plus soucieux du rythme, des besoins, des intérêts et de l’autonomie de l’enfant et il existe une grande diversité de pratiques d’instruction à la maison... La socialisation ne sera pas oubliée via la fréquentation d’autres enfants au cours des activités extra-scolaires et des réseaux sociaux, contrôlés bien évidemment.

Cette période exceptionnelle qu’est celle de l’épidémie de COVID 19 et du confinement est l’occasion d’expérimenter a minima cette « instruction à domicile ». Celle-ci comprend une grande partie d’apprentissages par des activités de la vie quotidienne dans laquelle elle vient s’insérer : en mettant le couvert, le petit apprendra à dénombrer, trier, organiser spatialement... En aidant à jardiner, il entrera dans la connaissance du vivant, mais également dans la motricité fine. Il apprendra à « cultiver son jardin » dans tous les sens du terme…

Beaucoup d’activités de la maison mettent en œuvre des activités cognitives multiples et fondamentales : apprentissage et entraînement d’activités de lectures, activités numériques, mais également fonctions exécutives…

Quoi qu’il en soit, réussir avec succès cette période de confinement à la maison avec les enfants, dans une période chargée en émotions, voire en stress, c’est prendre en compte les besoins de l’enfant afin des les satisfaire au mieux tout en respectant nos besoins personnels.


Ceci n’évite pas les émotions désagréables pouvant générer de fortes tensions, mais contribue à mieux les accueillir et les accompagner.

C’est pourquoi il nous a semblé intéressant de partir de ces besoins pour construire des activités propres à les satisfaire.



Plusieurs représentations de besoins ont été modélisés, la plus célèbre étant celle de la pyramide de Maslow dont le schéma suivant est inspiré et complété par d’autres approches : Gordon, Rosenberg - schéma de C. Marsollier en 2011.




Cet article a pour objectif de vous proposer des ressources pour chaque besoin, en fonction de vos besoins à vous aussi avec des liens vers des sites et documents pour approfondir !


1/ La santé passe par :

- Une nourriture équilibrée mais qui fait plaisir : c’est l’occasion que chacun puisse exprimer ses souhaits et faire une proposition culinaire à réaliser seul.e ou avec aide ! Et pour cela, on peut demander des recettes aux anciens, consulter internet, un livre de cuisine, écouter une émission culinaire – que de ressources s’offrent à nous !

- Une activité physique : elle est essentielle. L’activité physique n’est pas que la pratique sportive ! Bouger dans la maison, c’est déjà manipuler : aider à ranger, cuisiner, bricoler, coudre, réaliser des œuvres artistiques. Par ailleurs, de nombreuses ressources ludiques et attrayantes sont disponibles sur internet, par exemple les défis quotidiens de l’USEP 91.

Un article est également disponible sur le site des Ateliers Gordon : « Bouger ! à la maison » des conseillers pédagogiques EPS de l’Essonne.

2/ Le cadre, la sécurité et la confiance


L’enfant et l’adolescent peuvent parfois montrer des signes d’inquiétude face à cette situation exceptionnelle. Ce sont de véritables « éponges » émotionnelles et l’angoisse des adultes, leur tristesse sont d’autant plus stressants qu’ils n’en ont pas les clés.

La sécurité matérielle et affective sont essentielles et reposent sur un cadre sécure et la confiance qu’ont les enfants dans leurs parents.
Sincérité et authenticité chères à l’approche Gordon sont ici plus que jamais de mise.
Pour venir en aide à vos enfants et adolescents, voici plusieurs conseils :

· Prenez du temps pour parler de l’épidémie de Covid-19 avec eux s’ils le souhaitent ;

· Répondez à leurs questions de manière factuelle et compréhensible, dans un langage accessible pour eux et adapté à leur âge ;

· Lisez-leur/partagez des histoires, des contes, des mythes pour répondre aux questions, mais également les aider à s’évader ;

· Rassurez-les sur le fait qu’ils sont en sécurité ;

· Restez à l’écoute et acceptez qu’ils se sentent éventuellement débordés par la situation ;

· Partagez avec eux vos stratégies pour faire face à votre propre stress, afin qu’ils apprennent de vous ;

· Limitez l’exposition de votre famille aux couvertures médiatiques ;

· Essayez de mettre en place et de maintenir des routines, notamment des horaires pour les activités scolaires à la maison et pour les loisirs de vos enfants ;

· Soyez un modèle pour eux ;

· Maintenez les contacts avec les amis et les membres de la famille.

L’hôpital Robert Debré a mis à disposition un ensemble de fiches fort intéressantes

En voici quelques titres :

- Mes enfants se bagarrent toute la journée durant le confinement

- Comment gérer les comportements d’opposition et les crises de rage pendant le confinement ?

- Planification de la journée en période de confinement pour les enfants 3/11 ans


3/ Appartenance et considération


L’être humain étant un « animal social », l’appartenance au groupe est fondamentale pour son bien-être. Les jeunes comme les adultes ont besoin de considération de la part des différents groupes auxquels ils appartiennent (famille, amis, groupe sportif…). Le confinement par la force des choses réduit le tissu relationnel avec interactions concrètes à des relations uniquement intra familiales, là où l’enfant et le jeune construisent leur appartenance au groupe social de leurs pairs.

Si cette période peut permettre aux jeunes de renforcer le sentiment d’appartenance au groupe-famille (parents à la maison et grand-parents par des liens réguliers via le téléphone et autres medias), elle a tendance à distendre les liens avec les camarades et les amis, de part la réduction des interactions sociales physiques. Certes les réseaux sociaux existent mais l’on sait le danger qu’ils peuvent aussi représenter. Là encore, il est important d’accompagner le jeune par rapport à l’utilisation d’internet. Ce n’est pas en interdisant mais en formant et en accompagnant que l’enfant arrivera à un usage raisonné de la communication via les réseaux sociaux et internet.

Nous vous proposons sur ce sujet un lien intéressant de Serge Tisseron : « le confinement : les écrans autrement »

Et en conclusion, n’oublions pas la motivation qui est le moteur de toute activité : pour être motivé, il faut être rassuré, félicité et encouragé.

Toutes les activités déclinées ci-dessus peuvent être des défis qui déboucheront sur la réussite, qui vient directement activité notre circuit de la récompense !

On peut ainsi sur différents sujets, construire un défi qui aboutira à une « récompense ». Ceci peut être collectivement construit par la famille avec le « vase de la récompense ». Chaque membre de la famille qui aura réussi son propre défi viendra porter un haricot ou une perle, ou une graine, dans un pot (plus ou moins grand…) transparent (pour voir la progression). Ainsi quand le pot sera rempli, il y aura une « récompense globale » pour toute la famille choisie ensemble.

Donnons un exemple concret :


Paul 6 ans s’est donné pour défi de mettre le couvert de midi tous les jours : A chaque fois que Paul a mis le couvert (les critères de réussite auront été posés au préalable), il portera un haricot dans le vase.
Marie 15 ans s’est donné pour défi de se lever tous les matins à 7h30. Chaque matin où elle a réussi son défi, elle porte son haricot dans le pot.
Pierre, le père, s’est donné pour défi de faire la cuisine tous les soirs.
Sylvie, la mère, s’est donné pour défi de faire 1/2h de gym tous les jours à 9h .Etc….
Lorsque le pot sera rempli, la famille bénéficiera d’une récompense collective qu’elle aura choisie au préalable au sein d’un « conseil de famille ». Ici, ce sera : des billets pour aller au Parc Astérix... Quand il réouvrira !!!!

Et maintenant ! 

Bonne chance, et que cette période vous permette d’oser ce que vous n’avez jamais osé sans jamais oublier d’en parler !



Par Marie-Claude Bloch, formatrice Gordon

mercredi 13 mai 2020

Dix compétences psychosociales dans une capsule

Qu'appelle-ton des compétences psycho-sociales? Que recouvre cette notion ? Comment ces compétences peuvent-elles contribuer à notre santé et notre bien-être global ?




 Cette vidéo, réalisée à l’initiative du Pôle, a pour ambition d’aider les acteurs – équipes éducatives, travailleurs sociaux, professionnels de santé, collectivités territoriales … - à identifier leur rôle dans le développement des compétences psychosociales des publics qu’ils accompagnent. Elle inaugure une série de capsules pédagogiques s’articulant autour de trois notions clé : « compétences psychosociales », « inégalités sociales de santé » et « participation ». Complémentaires, elles définissent un socle d’intervention en promotion de la santé.

 Pour en savoir plus sur les compétences psychosociales, consultez la page ressources dédiée sur le site du Pôle : https://promotionsantebretagne.fr/competences-psychosociales/

mardi 12 mai 2020

Mon enfant prend du poids et gère ses émotions avec la nourriture… (et moi aussi !)

Article de :
Dr S Barret, psychiatre et Dr C Stordeur, pédopsychiatre ; F Bergametti, diététicienne ; Centre de Référence Maladie Rare – Anorexie Mentale à début Précoce - Centre d’Excellence Trouble du Neurodéveloppement – Hôpital Robert Debré - Paris

Nous sommes tous perturbés par cette situation exceptionnelle de confinement. Le confinement bouleverse nos repères. Les horaires des repas sont chamboulés, peut-être même complètement inexistants. Le confinement nous impose un nouveau mode de vie et cela a des répercussions sur nos temps de repas et sur notre alimentation.

  •  Si votre enfant prend trop de poids, il est probable que l’alimentation soit trop riche ou trop abondante – ce d’autant que l’activité physique est souvent réduite durant le confinement. Nombreux sont ceux qui ont tendance à manger plus et à grignoter dans la journée avec le confinement, les enfants comme les parents.
  • C’est une réaction fréquente face à une situation de stress et plusieurs facteurs peuvent maintenir l’augmentation des prises alimentaires :
- Une recherche de fuite des émotions négatives (ennui, tristesse en particulier) qui s’associe avec une envie d’aliments plaisir réconfortants souvent gras et /ou sucrés

- La déstructuration des rythmes de vie en particulier l’absence d’horaire de repas et les régimes alimentaires non équilibrés.

1 . Identifiez ce qui se passe : Utilisez le thermomètre des émotions


Lorsque vous voyez votre enfant manger la totalité du paquet de bonbon 1h après la fin du déjeuner, proposez-lui de faire un point sur ce qui se passe avec les questions suivantes :

o Est-ce vraiment de la faim que tu ressens ?
o Comment te sens tu ? Es-tu triste, en colère, as-tu peur ?
o Est-ce que tu t’ennuies ?


Proposez-lui un thermomètre des émotions
et demandez-lui de situer l’intensité de son émotion sur celui-ci.



(source : http://lavs-hallucine.blogspot.com/2014/03/transmission-doutils-thermometre-des.html).


Montrez lui une liste d’émotions afin de préciser le plus possible ce qu’il ressent. Pour les plus grands cette solution avec des mots plus complexes peut être utile.




(D’après Elizabeth Couzon et Charlotte Ribault “Moi aussi je médite”, source : https://adozen.fr/la-tableau-des-synonymes-des-emotions-telechargement-gratuit/)

Au début, votre enfant ne trouvera peut-être pas grand-chose à noter, mais progressivement, il parviendra à mieux identifier ce qui se passe en lui. Et cela lui sera très utile !

Même en période de confinement, il existe d’autres gratifications que les gratifications alimentaires. Faites une liste d’activités réconfortantes accessibles à la maison.

2/Réagissez en fonction : Votre enfant mange parce qu’il s’ennuie

 Il est normal de spontanément chercher à combler le sentiment d’ennui, c’est une sensation que certains trouvent très inconfortable. La nourriture est un moyen simple et facilement accessible pour l’effacer. Voici quelques alternatives que vous pouvez lui proposer :

 Rédiger une liste d’activités que vous et vos enfants pourriez faire lors des moments d’ennui (et donc de grignotage). Par exemple, jouer à des jeux de société, faire des dessins, des bricolages, écouter un podcast sympa, chanter, danser, lire un livre. Si vous manquez d’inspiration, de nombreux sites internet regorgent d’idées (dont https://taleming.com). Échangez avec vos amis et vos proches, partagez vos idées !

Planifier la journée de votre enfant permet également d’éviter de trop grandes plages horaires d’ennui. C’est aussi l’occasion d’échanger en famille sur les envies, les besoins et les limites de chacun.

 Essayer la méditation. De nombreux ouvrages traitent de ces sujets (Calme et attentif comme une grenouille d’Eline Snel, Un Cœur tranquille et sage de Susan Kaiser Greenland, Méditer jour après jour de Christophe André pour les techniques de méditation, Le piège du bonheur du Dr Russ Harris, pour une réflexion sur le sens de la vie, les valeurs que l’on souhaite cultiver) et peuvent vous accompagner dans cette démarche. 

Vous trouverez aussi de nombreux supports sur internet pour la méditation, par exemple, pour les enfants : https://www.youtube.com/watch?v=CWRAe2b_ZhI
https://www.youtube.com/watch?v=trZ7IYKCGbc


 3 Réagissez en fonction : votre enfant mange parce que cela lui évite de penser ou d’être triste

 Il est humain d’être tenté de fuir ses pensées et émotions désagréables. Cela fonctionne souvent à court terme… moins à long terme ! Et les conséquences à long terme peuvent ne pas convenir à votre enfant ! Les émotions négatives reviennent toujours à nous en boomerang, et tenter de les annuler implique de tout annuler, le positif comme le négatif !

 vous pouvez l’aider à se concentrer sur un exercice de respiration abdominale.

- Certaines applications peuvent être utiles (par exemple, Breathe plus, application téléchargeable gratuitement sur votre portable).
- Vous pouvez dans ce cas-là aussi essayer la méditation.
- Attention ces techniques sont cependant plus efficaces si votre enfant s’est entrainé au préalable à distance d’un moment émotionnellement compliqué.

Dresser une liste d’actions que vous et vos enfants pouvez faire dans les moments difficiles : par exemple : se faire un câlin, faire un câlin à doudou ou au chat, écouter une musique qui m’apaise, appeler un proche …
- Testez les solutions qui vous viennent à l’esprit et notez celles qui vous semblent être les plus efficaces.
- On peut afficher cette liste sur le frigo, dans le salon, dans la cuisine ou même la mettre dans sa poche !

4 Réagissez en fonction : maintenez des horaires de repas réguliers

 Il est important de maintenir des horaires de repas réguliers. Une des conséquences du confinement peut être la perte des rythmes habituels de la vie quotidienne. Ce confinement doit être l’occasion de retrouver les repas de famille pris tous ensemble.

 Favorisez la préparation des repas en famille, et impliquez vos enfants dans la confection des recettes.

Discutez les menus en famille, cherchez de nouvelles recettes, planifiez les courses, cela développera les compétences d’organisation et de planification de chacun.

Souvenez-vous que les enfants prennent 4 repas par jour (pas plus). Le goûter est un repas important pour eux. Limitez au maximum les grignotages, sauf avis médical contraire (par exemple diabète ou encore trouble du comportement alimentaire de type ARFID, c’est -à-dire un enfant qui ne mange pas assez et qui a besoin de prendre des collations entre les repas pour sa santé).

 Si votre enfant vous réclame à manger constamment dans la journée, proposez-lui éventuellement une collation (soit 1 ou plusieurs articles alimentaires prélevés sur les repas d’avant et/ou d’après) à 10h.

Prenez également conscience de ce que vous mangez au cours du repas : éteignez les écrans, faites du repas un moment convivial et consacrez-y le temps nécessaire, à savoir au minimum 30 minutes. Profitez-en, vous pouvez prendre le temps de manger !

Évitez les grignotages : pour éviter les grignotages, reportez-vous à la fiche, mon enfant grignote toute la journée. Cliquez ici

 5 Réagissez en fonction : Adaptez vos habitudes alimentaires au confinement

Si votre enfant a pris du poids, il n’est pas souhaitable de le mettre au régime. Ceci ne ferait qu’augmenter la fréquence des grignotages et des prises alimentaires irrépressibles.

 L’objectif est d’avoir une alimentation équilibrée et variée. Inutile de batailler pour qu’ils finissent leurs légumes mais insistez pour qu’ils y goûtent. Valorisez plutôt les efforts effectués et déterminez ensemble au préalable les menus.

En cas de conflit récurrent autour des repas, des systèmes de tableau à points peuvent même être proposés. 

Voir fiche Motiver les changements durant le confinement : Le tableau à point ou système d'économie de jeton


Un repas équilibré (déjeuner ou dîner) peut être obtenu avec 4 types d’aliments seulement :

- Crudité pour la vitamine C : légume cru (tomate/salade/..) en entrée ou fruit cru (pomme/orange)
- Viande ou poisson ou œuf (protéines)
- Féculent ou légume, ou un peu des deux
- Produit laitier (fromage 1x/jour maximum ou un laitage)

Attention : on ajoutera très peu ou pas de pain si on ne mange que des féculents.

 Pour le goûter : vous pouvez donner 2 des 3 types d’aliments suivants :

- Une portion individuelle de biscuits
- Un laitage (yaourt ou verre de lait)
- Un fruit

Si vous n’avez pas d’idées, une grande variété de menus est disponible sur le site manger, bouger


6 Réagissez en fonction : Faites du sport avec votre enfant et toute la famille

 Favorisez l’activité physique : malgré le confinement, il est possible de pratiquer du sport à la maison : yoga, gymnastique adaptée aux enfants vous trouverez plein d’exercices à effectuer sur internet et de nombreuses applications sont maintenant gratuites le temps du confinement. Vous pouvez aussi faire des parcours de motricité, danser en famille, l’essentiel est d’avoir des temps au cours desquels vous vous dépensez tout en vous amusant.

Déterminez à l’avance les temps au cours desquels les enfants pourront se dépenser à leur guise, structurez la journée avec un emploi du temps … Prévoir deux fois 30 minutes chaque jour pour se dépenser et se défouler, vos enfants en ont besoin et vous aussi !

 Vous pouvez aussi lire nos fiches de psychomotricité, il y en a pour tous les âges et vous y trouverez plein d’idées pour bouger : maternelleprimaire - collège / lycée

lundi 11 mai 2020

Pratiques corporelles de bien-être : des vidéos

Ces documents illustrent et accompagnent l’ouvrage "Pratiques corporelles de bien-être" ,
coordonné par Annie Sébire et Corinne Pierotti, conseillères EPS dans l’académie de Paris

Les pratiques corporelles de bien-être favorisent les apprentissages des élèves et permettent aux enseignants de mieux gérer leur classe.

La première vidéo a été tournée en classe de CE1 dans l’école polyvalente Vicq d’Azir (10ème arrondissement).
L’enseignante, Karine Charles, témoigne sur ses pratiques pédagogiques, que l’on voit à l’œuvre, en salle de classe et en salle de motricité.

La seconde vidéo montre des élèves de grande section de maternelle de l’école Parmentier (10ème arrondissement) mettant en pratique ces activités en salle de classe, avec leur professeure Emilie Bouloré et offre à voir un travail interdisciplinaire.

Ces vidéos font partie de "Learning is fun, une série sur les manières d'apprendre" et émanent du DRDIE/ DGESCO.Annie Sébire et Corinne Pierotti sont intervenues pour une présentation de ces pratiques au cours de la journée nationale de l’innovation 2014 à la Bibliothèque nationale de France.


En savoir plus...
Vidéo pratiques corporelles de bien-être, CE1, École Vicq d'Azir (4 mn 38)
Vidéo pratiques corporelles de bien-être, GS, École Parmentier (3 mn 31)
Notre article sur l'ouvrage "Pratiques corporelles de bien-être"
Vidéo pratiques corporelles pour être bien à l'école, journée nationale de l'innovation (13 mn 05)






dimanche 10 mai 2020

Jouer à faire semblant


Un article de Naître et Grandir 
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Dans cette fiche
Les bienfaits de jouer à faire semblant
Comment favoriser le jeu symbolique chez votre enfant
À retenir


De 3 ans à 5 ans, les enfants jouent beaucoup à faire semblant. Ils utilisent un couvercle de casserole comme volant de voiture, font semblant d’être au téléphone, nourrissent leur poupée ou leur ourson, ou encore cuisinent un gâteau en pâte à modeler. C’est ce qu’on appelle les jeux symboliques, et ils sont très importants pour le développement des enfants.

Les bienfaits de jouer à faire semblant

À partir de 3 ans, un tout-petit se sert de plus en plus des objets de façon symbolique dans ses jeux. Il aime aussi imiter les actions quotidiennes posées par ses parents et son entourage.

Les jeux symboliques contribuent au développement d’un enfant, car ils lui permettent :
de développer son autonomie, sa débrouillardise, sa confiance en soi et sa capacité à prendre des initiatives;
  • d’utiliser son imagination et de se créer des univers de jeux;
  • d’améliorer sa capacité à contrôler ses gestes et ses émotions;
  • de renforcer ses habiletés sociales;
  • de mettre en pratique ses apprentissages;
  • de se préparer à apprendre à utiliser d’autres symboles, comme les lettres et les chiffres.

Par exemple, lorsque des tout-petits jouent à prendre l’autobus, un seul enfant à la fois peut jouer le rôle du conducteur. En attendant leur tour pour être le chauffeur, les autres doivent se trouver un rôle : ils exercent ainsi leur imagination et apprennent à réfléchir avant d’agir.

Comment favoriser le jeu symbolique chez votre enfant

Laissez à votre enfant des moments de jeux libres où il n’y a aucune activité à l’horaire. C’est dans ces moments où l’enfant a suffisamment de temps que son imagination lui servira le mieux afin d’inventer de nouveaux jeux.

Offrez-lui du matériel polyvalent à usages multiples (boîtes de carton, rouleaux de papier essuie-tout, draps…) pour laisser davantage place à son imagination. Par exemple, un drap se transforme en tente, une boîte de carton devient une maison ou un bateau de pirate. Laissez-le créer lui-même son univers à partir de ces objets. Jouer seul permettra à votre enfant d’inventer et de mettre à profit son imagination en plein développement.

Laissez à votre enfant le temps de développer son jeu et d’explorer les différents rôles du scénario. Parfois, il jouera au même jeu de façon répétitive pendant quelques jours.

Proposez-lui, au besoin, de nouvelles idées pour relancer son jeu. Vous pouvez formuler vos suggestions sous forme de questions afin de favoriser son autonomie, par exemple : « Avec quoi ton bateau pourrait-il être construit? » ou « Est-ce que tu veux inviter tes toutous dans ton jeu? » et « Quels rôles pourraient-ils jouer? ». Évitez cependant de prendre le contrôle de son jeu. Au fil du temps, votre enfant créera ses propres scénarios, plus variés, avec toute la créativité et l’imagination dont il est capable!

Si votre enfant est plus jeune ou moins imaginatif, proposez-lui des éléments de costume plus spécifiques (ex. : un tablier, une casquette, une ceinture). Ces accessoires l’aideront à demeurer concentré dans son jeu et à garder à l’esprit le rôle qu’il occupe.Vous pouvez également emplir un coffre de déguisements et d’accessoires afin que votre enfant y trouve l’inspiration pour imaginer ses jeux.Vous pouvez aider votre enfant à observer ce qui l’entoure lors de vos sorties. Au dépanneur ou à l’épicerie, par exemple, faites-lui remarquer les éléments caractéristiques de ce type de commerce. Vous l’aidez ainsi à rendre plus complexes les scénarios qu’il inventera. Quand il jouera « au dépanneur ou à l’épicerie » avec vous ou avec d’autres enfants, il se rappellera qu’il faut une caisse enregistreuse, un commis, des clients, etc.


À retenir

  • Le jeu symbolique est très important pour le développement des enfants.
  • Pour jouer à faire semblant, le tout-petit a besoin d’avoir des périodes de temps libre pendant lesquelles il pourra s’inventer des scénarios de jeu.
  • Si vous proposez des idées à votre tout-petit pour stimuler son jeu, évitez d’en prendre le contrôle.


Révision scientifique : Solène Bourque, psychoéducatrice
Recherche et rédaction : Équipe Naître et grandir
Mise à jour : Avril 2018
Photo : 123rf.com/Tatiana Gladskikh


Pour aller plus loin sur le jeu symbolique
https://histoiresdejouer.blogspot.com/2010/07/jouer-etre-le-temps-du-jeu-symbolique.html
https://www.les-supers-parents.com/pourquoi-et-comment-jouer-avec-son-enfants/