mardi 19 mai 2020

Les mots sont des fenêtres .. ou bien ce sont des murs

Un webinaire à destination des chefs d'établissement et enseignants, pour les soutenir dans leurs relations avec les familles, dans le cadre de leur mission de continuité pédagogique. 

4ème épisode : Les mots sont des fenêtres ou bien ce sont des murs. 

Animé par Véronique Gaspard, avec le soutien de Catherine Schmider, formatrices en Communication NonViolente certifiées par le CNVC.



Dans ce webinaire, il est question de ce qui peut entraver la communication bienveillante. Marshall Rosemberg parle de "communication aliénante" pour traduire les habitudes qui nous coupent du lien à l'autre. Nous pouvons observer combien au quotidien nous avons cette tendance à juger, moraliser, diviser le monde en bien et mal. La CNV n'exige pas que nous arrêtions de nous comporter ainsi, elle invite à observer ce que nous disons ou faisons, et l'impact que cela peut avoir sur nous et sur autrui Nous avons ainsi le choix de communiquer d'une autre manière, si  nous avons l'intention de faciliter nos relations et nous rendre la vie "plus belle". Voici en synthèse ce que nous dit Marshall Rosemberg dans son livre phare "Les mots sont des fenêtres (ou bien ce sont des murs"

Voici donc les ingrédients qui nous coupent de nos élans de vie.

« Par delà les notions de bien et de mal, il y a un champs. C'est là-bas que je te retrouverai »  (Jalal Al-Din Rumi)

Les jugements moralisateurs font partie de ces modes de communication qui nous coupent  de nos élans de cœur et qui incitent  à des mouvements violents  Dans le jugement, nous disons que l'autre est dans le faux ou dans le vrai en fonction de nos jugements de valeur.

 Exemples de paroles qui sont des jugements : "Le problème avec toi, c'est que tu es égoïste.." "Cette élève est paresseuse...." Cette personne est obtus, bourrée de préjugés...Ce n'est pas correct de penser comme ça..."

(reproches, insultes, dénigrements, étiquettes, comparaisons, diagnostics...) 

  • Dans ce monde polarisé entre le bien et le mal, les autres sont rangés, catégorisés ; celui qui n'agit pas comme je le veux est jugé comme "bizarre", "fou"...Quelqu'un qui agit à sa manière est "anormal" ….
  • Ce fonctionnement qui consiste à juger en bien ou en mal en fonction de ce que l'on désire obtenir ou vivre est l'expression tragique de nos besoins. Par exemple, si ma compagne a besoin de plus d'attention que moi, je la juge « exigeante et dépendante » ; par contre, si c'est moi qui ai besoin de plus de tendresse, je dirai qu'elle est « insensible et lointaine » ; si mon collègue est plus attentif aux détails que moi , je dirai qu'il est "pointilleux ou maniaque" ; si c'est moi qui ai besoin de précisions, je dirai de l'autre qu'il est "brouillon et inorganisé".
  • L'expression est  "tragique" car lorsque nous nous exprimons ainsi , nous risquons d'alimenter des réactions de défenses et de résistances. Si les personnes acceptent de se conformer à nos valeurs, ils le feront alors par crainte, culpabilité ou honte. Ceux-là pourront nourrir de la rancoeur et alimentent une mauvaise estime d'eux-mêmes.


Nous pouvons différencier "jugements de valeurs" et "jugement moral" : 

  • Les jugements de valeur reflètent nos idées et nos convictions profondes (exemple : l'honnêteté, la justice, la liberté, la paix...)Il nous est important de les exprimer. 

Exemple : J'aime l'honnêteté dans mes relations amicales.

  •  Les jugements moralisateurs sont des torts que j'attribue à l'autre lorsqu'il  ne se trouve pas dans la lignée de mes jugements de valeurs.

Exemple  « Arnaud est malhonnête parce qu'il ne me dit pas ce qu'il ressent ».  En CNV, je peux dire plutôt : « Je suis triste lorsque je vois qu'Arnaud n'ose pas exprimer ses sentiments par peur d'être jugé. Je préférerais que notre amitié soit basée sur la confiance et la réciprocité."

  • Lorsqu'on s'exprime en jugeant ou en cataloguant les autres, on favorise la violence : le « méchant » a alors le droit d'être puni, les conflits viennent de l'autre. Les parties en conflits ne tiennent pas compte des sentiments et besoins qui sous-tendent les comportements.

2) La comparaison est une forme de jugement

Se comparer aux autres crée de la souffrance, que ce soit la comparaison physique, matérielle ou au niveau de notre réalisation . Par exemple, le fait de se comparer à ce qu'a réalisé Mozart quand on est musicien, ne peut apporter que de la déception, de la tristesse ou de la frustration. Cela a un impact sur notre estime de soi. Lorsqu'on compare des enfants entre eux, on peut passer à côté de l'unicité de chaque être et de son parcours singulier. Cela peut créer de la souffrance pour celui qui se voit comparé.

3) Le refus de responsabilité : 
  • Le fait de nier ses responsabilités nous empêche d'accéder pleinement à la responsabilités de nos pensées, sentiments et actes. Ce refus de responsabilité apparaît dans l'expression tellement usité  de "il faut" !

 "Il y a certaine choses qu'il faut que tu fasses que ça te plaise ou non...!" 

  • Il est plus juste d'exprimer ce que je ressens lorsque l'autre ne fait pas ce que j'aimerais qu'il fasse. Comment cela vient-il me toucher ? Et quels sont mes besoins inexprimés ou insatisfaits à ce moment-là? Par exemple : "Quand tu ne ranges pas ta chambre, je suis contrariée parce que j'ai à coeur que ma maison soit en ordre. Cela m'apporte de l'harmonie et de la douceur au quotidien."
  • Lorsqu'on utilise le « tu », c'est une autre manière de rejeter la responsabilité sur l'autre. La CNV invite encore une fois à exprimer nos sentiments et besoins    en parlant de soi  : "Je me sens ... quand tu dis, fais, ......parce que j'ai besoin de ......"

Exemple "Tu me culpabilises !"  est un langage aliénant.

4) Les exigences

« En soi, l'exigence fait explicitement ou implicitement planer sur le destinataire la menace s'un reproche ou d'une punition au cas où il ne s'y plierait pas. Or il n'est pas dans notre pouvoir de faire faire quelque chose à quelqu'un » dit Marshall Rosemberg. 

5) Les mérites et récompenses

Il est dans l'intérêt de chacun de changer parce qu'il sent que ce changement lui sera bénéfique plutôt que de subir une punition ou une récompense parce que notre comportement est jugé néfaste. 

« La communication aliénante est à la fois un produit et un pilier de nos sociétés fondées sur des principes de hierarchie ou de domination" (Marshall Rosemberg)

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