samedi 27 juin 2020

Se libérer de la crainte d’être jugé.e par les autres



6ième article d'une série sur le développement de la compréhension de nos enfants.paru dans le blog "Ateliers Gordon" (Article publié initialement dans l'Ecolomag #77 dont le thème principal est l'immunité.)





Carl Rogers, créateur du courant de la Psychologie Humaniste, s’est posé la question suivante : quelles sont les caractéristiques des relations qui sont une aide et qui facilitent la croissance ?

Il a énuméré 10 caractéristiques dont nous avons débuté l’exploration. Or voici que l’une d’entre elle, la 9ième, nous parle précisément d’Immunité ! Retrouvez les autres caractéristiques en bas de la page. Il nous demande :

« Puis-je me libérer de la crainte d’être jugé par les autres ? »

Ne serait-ce pas merveilleux : s’immuniser de la crainte d’être jugé par des autres ?!
Et nous sentons bien là les nombreux effets miroirs. Si j’arrive à m’immuniser alors peut-être pourrais-je offrir à mes enfants un environnement dans lequel ils seront aussi libérés de cette crainte !!

Carl Rogers nous fait part de ses observations :

« Presque dans toutes les phases de notre vie (à la maison, à l’école, au travail), nous dépendons des récompenses et des punitions qui sont les jugements d’autrui : « c’est bien », « c’est méchant », « cela vaut dix », « cela vaut zéro ». De tels jugements font partie de notre vie depuis l’enfance jusqu’à la vieillesse. Comme tout le monde je me surprends trop souvent à porter de tels jugements. Mais, d’après mon expérience, ils ne favorisent pas le développement de la personnalité et par conséquent je ne crois pas qu’ils fassent partie d’une relation d’aide.

C’est assez curieux, mais un jugement positif est aussi menaçant en fin de compte qu’un jugement péjoratif, puisque dire à quelqu’un qu’il agit bien suppose que vous avez aussi le droit de lui dire qu’il agit mal. Aussi j’en suis venu à penser que plus je peux maintenir une relation sans jugement, plus cela permettra à l’autre personne d’atteindre le point où elle reconnaîtra que le lieu du jugement, le centre de la responsabilité réside en elle-même.

Le sens et la valeur de son expérience dépendent uniquement d’elle et aucun jugement extérieur ne peut rien changer à cela. Aussi j’aimerais m’efforcer d’arriver à une relation où je ne juge pas autrui en mon for intérieur. Je crois que c’est là ce qui peut le libérer, faire de lui une personne qui prend ses propres responsabilités. »

Libérer nos relations des jugements – voilà un chemin magnifique qui boostera le libre arbitre, la motivation intrinsèque et la responsabilité de nos enfants. Et ce n’est pas facile !!
Alors comme premier petit pas je vous propose le suivant : commençons déjà à ne plus porter de jugement sur nous-même !!


RECETTE pour BOOSTER votre Immunité et celle des personnes qui vous entourent :

1 - Soyez attentifs aux jugements – positifs ou négatifs – qui émergent en vous quand vous portez un regard sur vous-même.

2 – Petit à petit – quand vous les remarquez – transformez les. Par exemple – si je m’entends me dire
 « Tu as été nulle sur ce projet » - je le transforme en une affirmation qui ne comprend plus de jugement, mais des faits: « ce projet a pris plus de temps que je n’imaginais ».

3 – Quand vous avez suffisamment transformé les jugements que vous vous portez, appliquer aussi aux jugements que vous portez sur les autres..


TESTEZ – et GOUTEZ le fait de voir les jugements disparaître petit à petit de vote vie. Et ainsi – renforcez votre immunité au jugement des autres que vous reconnaîtrez dorénavant comme le miroir des jugements qu’ils se portent à eux même...

CHALLENGE de Juillet

Nous vous proposons un super challenge sur 1 mois :
Etre attentif.ve aux jugements que je pose sur moi-même et les transmuter en faits !

Par exemple : « Je suis colérique - c’est nul » >> ABracadabra >> « J’ai crié ce soir quand Mathieu a renversé son verre d’eau par terre... »

Et venez partager avec nous vos jugements et leur transmutation sur notre groupe Facebook Les Ateliers Gordon.


A très vite,
Nathalie Reinhardt
Fondatrice de l’Association Les Ateliers Gordon
Voici les 10 questions que Carl Rogers nous pose :


1 – Puis-je arriver à être perçu par autrui comme digne de confiance, comme fiable et cohérent au sens le plus profond ?


2 – Puis-je m’exprimer de façon à communiquer sans ambiguïté l’image de la personne que je suis ?


3 – Puis-je éprouver des attitudes positives envers l’autre : chaleur, attention, affection, intérêt, respect ?


4 – Puis-je en tant que personne être assez fort pour être distinct de l’autre ?


5 – Suis-je assez sûr de moi pour permettre à l’autre d’être distinct ?


6 – Puis-je me permettre d’entrer complètement dans l’univers des sentiments d’autrui et de ses conceptions personnelles et les voir sous le même angle que lui ?


7 – Puis-je accepter toutes les facettes que me présente cette personne ?


8 – Puis-je agir avec assez de sensibilité dans cette relation pour que mon comportement ne soit pas perçu comme une menace ?


9 – Puis-je me libérer de la crainte d’être jugé par les autres ?


10 – Puis-je voir l’autre comme une personne en devenir ou vais-je être bloqué par son passé et par le mien ?


#EcouteActive #CarlRogers #ComprendreNosEnfants #LesAteliersGordon #ParentsEfficaces #EducationBienveillante

samedi 6 juin 2020

ÉMOTIONS, DE LA DIFFICULTÉ DE LES ÉCOUTER



By Catherine Dumonteil Kremer

Illustration de Lise Desportes

DIRE BIENVENUE AUX CRISES


« Ça y est, il va faire une crise… Tout le monde va se demander pourquoi je n'interviens pas, pourquoi je suis si laxiste avec lui… Et puis ça me rend dingue qu'il se mette dans des états pareils, il ne pourrait pas me demander calmement les choses ? »

Vous vous reconnaissez dans ce parent démuni face à la énième crise de rage de la semaine ou de la journée ? Cela peut être épuisant, décourageant. Que faire devant ces manifestations d'insatisfaction réitérées ?

De plus, elles peuvent se produire absolument partout : au parc, au supermarché, à la maison pendant un repas de famille…

Tout est possible pour un petit enfant qui n'est pas inhibé par la convention et ses usages et dont le cerveau n'est pas encore suffisamment mature pour différer l'expression de sa colère.


LES ÉMOTIONS, C'EST BON POUR LA SANTÉ !


Revenons tout d'abord sur un préjugé tenace : les émotions sont mauvaises, elles donnent une image très négative de celui qui les exprime, elles sont un signe évident de faiblesse et d'absence totale de maîtrise de soi.

Eh bien non, les émotions sont des alliées précieuses. Janov, entre autres, l'a démontré par son travail de thérapeute : il est bon de les évacuer, elles sont nos ressources naturelles pour guérir les souffrances.

Nos tensions s'évanouissent lorsque nous laissons vivre nos émotions. Et les enfants ne font pas exception à cette règle. L'émotion est une sorte de garde-fou dans un monde parfois hostile aux besoins des tout-petits, qui vivent quelquefois des journées en collectivité à un rythme trépident.

Les tensions s'accumulent alors… Et, en début de soirée, c'est le feu d'artifice émotionnel : ils se roulent par terre, crachent, hurlent, jettent des objets dans toutes les directions, donnent des coups de pied partout et nous ne comprenons pas ce qui nous vaut ce déluge. Mais ils sont simplement en train d'essayer de trouver des solutions en eux.

Et une fois les émotions sorties, ils sont à nouveau les petits êtres aimants, intelligents et coopératifs que nous connaissons.


JE N'ARRIVE PAS À ÉCOUTER MON ENFANT EN CRISE, QUE FAIRE ? 


Oui, mais que faire face à une émotion ? Toutes les émotions ne se ressemblent pas. Et, selon notre histoire personnelle, nous aurons plus ou moins de mal à les accepter.

En gros si nos parents nous frappaient ou nous punissaient lorsque nous nous mettions à pleurer, nous allons avoir énormément de mal avec les larmes.

Si la crise de rage était interdite, dévalorisée, si nous étions isolés systématiquement lorsque nous étions en colère, nous aurons beaucoup de difficultés à faire face à la fureur de nos enfants.

Qu'en est-il pour vous ? Comment vos parents réagissaient-ils ?

C'est une des premières questions intéressantes à se poser pour comprendre nos difficultés à écouter les émotions de nos enfants.

En voici une autre : depuis quand ne vous êtes-vous pas laissé aller complètement à pleurer, à sangloter même ? Comment pourriez-vous retrouver le chemin de vos propres émotions ?

C'est quand j'ai fait ma première crise de rage dans un groupe d'écoute des émotions, que j'ai compris de l'intérieur ce que vivaient mes enfants lorsqu'ils étaient dans cet état-là.

C'est en pleurant abondamment moi-même et en en expérimentant les effets bénéfiques que j'ai compris le processus de guérison à l'œuvre en moi et cela a totalement changé ma vision du monde.

L'effet le plus direct de ce travail, c'est que je me sentais à l'aise face aux pleurs, peurs et crise de rage de mes enfants. Je n'avais plus cette colère, ce découragement, cet agacement qui me dérangeait lorsque j'essayais de les écouter.

PRENEZ EN MAIN VOS ÉMOTIONS ! 

C'est le moment ou jamais, vos enfants vont vous y aider très indirectement, et cela peut vraiment faire évoluer votre façon d'être.

Vous pourriez donc consulter un thérapeute ouvert aux émotions, ou bien travailler au sein d'un groupe d'écoute, et/ou essayer les quelques astuces suivantes :

Hurler dans un coussin


C'est un truc qui a toujours bien fonctionné pour moi.
Le coussin amortit les sons et les pleurs ne sont pas loin derrière la rage.
Faites cela à l'abri des regards, cela pourrait effrayer vos enfants.

Pleurer devant un bon mélodrame


C'est un excellent truc, la prochaine fois que vous aurez envie de pleurer chez vous devant un DVD, sautez à pied joints sur l'occasion, allez-y ! Sanglotez et expérimentez ce que cela peut être de verser des larmes sans se sentir mal à l'aise.

De plus, vous résoudrez quelque chose en vous, même si vous ignorez quoi. Ce film vous fait pleurer parce qu'il fait écho à votre histoire, c'est très complexe de savoir à quoi vous réagissez, mais, ce qui est important, c'est que vous commencez à guérir.

Appelez une amie ou un ami


Choisissez un complice qui sait ce que vous souhaitez faire, qui vous écoutera pleurer ou vous mettre en colère sans vous juger et qui saura accueillir toutes vos émotions.

Ce sont des petits trucs d'urgentiste ! Il y a un travail de fond à faire, c'est certain, mais chacun sent quel est le bon moment pour l'accomplir et, en attendant, vous serez plus détendu et confiant lorsque vous écouterez les émotions de vos enfants.


ET AVEC VOS BAMBINS ? 


Vous les aiderez beaucoup en accueillant leurs décharges émotionnelles. Essayez de ne pas interrompre les larmes, mais soyez là, présent par un contact physique, un regard aimant.

Cela suffit parfois pour se sentir bienvenu dans ce que l'on traverse. Pour ce qui est de la crise de rage, c'est un peu la même chose, restez présent et veillez à ce que vos enfants ne se fassent pas mal.

Lorsqu'ils se roulent par terre, en cognant leur tête et leurs poings contre le sol, votre rôle consiste à mettre des coussins pour les protéger des chocs. Restez là, essayez d'être attentif à ce que vous ressentez afin de pouvoir travailler ultérieurement et, peu à peu, vous vous sentirez de mieux en mieux.

Et n'oubliez pas : il y a une manifestation d'émotion très efficace que nous aimons tous beaucoup vivre : le rire ! Il élimine les tensions en nous de façon radicale et, pour celle-ci, il n'y a qu'une option : se faire plaisir dans l'humour, la drôlerie, le chahut !


Catherine Dumonteil Kremer

mardi 2 juin 2020

1 JOUR 1 ACTIVITÉ : MÉTÉO DES ÉMOTIONS - ou comment mettre des mots sur ses émotions



Pendant cette période exceptionnelle, la bibliothèque vous propose des activités amusantes, surprenantes et intelligentes à réaliser entre enfants et adultes. Des expériences en cuisine, des objets à fabriquer, des contenus à lire, écouter ou regarder...

Aujourd'hui : La météo des émotions
À partir de 3 ans




Grâce à cette météo des émotions, on peut trouver les mots pour exprimer tout ce qui nous traverse, de la peur à la joie, de l'excitation à la colère !

IL VOUS FAUT

2 feuilles de papier (ou deux petites assiettes en carton)
une paire de ciseaux
une attache parisienne
des crayons, des feutres

COMMENT FAIRE ?


Découper dans chaque feuille (ou chaque assiette en carton) un cercle, de la taille d'une petite assiette
Grâce à une règle, diviser chaque cercle en 6 parts égales
Sur un seul des deux cercles, découper une des parts et l'enlever
Sur l'autre cercle, écrire dans chacune des parts une des émotions suivantes et y dessiner la météo qui va avec (ex : je suis heureux : un soleil ; je suis en colère : un nuage avec un éclair etc.) : Je suis de bonne humeur ; Je suis triste ; Je suis heureux(se) ; Je suis en colère ; J'ai peur ; Je suis excité(e)
Placer le rond avec une part découpée au-dessus du rond avec les émotions dessinées. Attention de bien garder ces deux éléments l'un sur l'autre. A l'aide de la paire de ciseaux, faire une petite entaille au centre.
Faire passer l'attache-parisienne dans le trou

QUE SE PASSE-T-IL ?

Les émotions apparaissent au fur et à mesure que l'on tourne la roue du dessus.

Et toi, comment tu te sens aujourd'hui ?

Apprendre à mettre des mots sur ses émotions permet de mieux les canaliser, de les accepter et d'en parler.

EN SAVOIR PLUS

Quelques liens pour aller plus loin

Livres numériques accessibles gratuitement


L'atelier des émotions, 35 activités créatives pour aider mon enfant à exprimer ce qu'il ressent
Mathilde Chevalier-Pruvo.- Eyrolles, 2019

Joie, colère, peur, tristesse, impatience, amour... : les émotions sont au coeur des journées de nos enfants. Ils les vivent avec une intensité qui les déborde, laissant l'adulte souvent démuni.
Dans ce guide, Mathilde Chevalier-Pruvo aborde, à travers une méthode innovante, les neuf émotions les plus présentes dans la vie des enfants. Elle s'appuie sur la créativité pour les aider à exprimer leurs émotions et à les apprivoiser, afin d'en faire des alliées. Grâce à 35 activités, fondées sur les pédagogies actives (Montessori, Steiner-Waldorf, Reggio Emilia), le jeune lecteur découvrira sa vie intérieure et renforcera son estime de soi. Au fil des chapitres, il fabriquera ainsi un croqueur de colère, un cahier anticauchemars, un jardin zen, un miroir des talents..., qu'il réutilisera au quotidien, en toute autonomie pour retrouver sérénité et joie. Chaque émotion sera également illustrée d'un conte : en s'identifiant aux personnages, l'enfant pourra mettre en mots ses émotions afin de trouver ses propres solutions pour se sentir apaisé et confiant.
(Pour accéder au livre dans son intégralité, se connecter sur l'Espace personnel)

lundi 1 juin 2020

L'accompagnement émotionnel de l'enfant


Un article du site Colibris

Nous portons une responsabilité face à nos enfants : les aider à acquérir suffisamment de confiance en eux, de sécurité intérieure et d’autonomie. Dans ce monde en mutation, les enfants ont plus que jamais à construire une identité forte. Nous le savons aujourd’hui, angoisse, dépression, comportements violents, dépendance relationnelle, addictions diverses sont des conséquences de manques, de blessures relationnelles, d’échecs de communication.

Accueillir et encourager les émotions de son enfant, l’écouter, lui donner la permission de libérer ses tensions, c’est lui permettre de se constituer une personnalité solide, une sécurité intérieure stable afin qu’il aille, serein et assuré, sur son propre chemin et, plus tard, sorte grandi des difficultés de la vie. Et comme les parents ne sont pas les seuls éducateurs, demandons qu’au programme des écoles figure un cours de « compétences sociales » car elles ne sont pas plus innées que les mathématiques ou la géographie. Il est urgent de prendre en compte le développement des intelligences émotionnelle (ce qui se passe à l’intérieur de nous) et relationnelle (ce qui se passe entre les personnes) dans l’éducation de nos enfants, adultes de demain.

Accompagner les émotions de l’enfant


Lorsqu’un enfant éprouve une émotion, la question est : « Comment puis-je l’aider à avoir conscience de ce qui se passe en lui ? ».
  • Mettez des mots sur son ressenti : « Je vois que tu es en colère !». Ou aidez-le à mettre des mots dessus. Laissez-lui de l’espace pour s’exprimer. Nous avons tendance à consoler. Ecoutez-le plutôt avant de le consoler : « Je vois que tu as mal ! ». S’il s’est fait très mal, encouragez-le même à pleurer : « Pleure mon amour, pleure fort, serre-moi et pleure, ça fait mal ! ».
  • En lieu et place de l’habituel « Pourquoi ? », tentez : « Qu’est-ce qui se passe ? » ou : « Qu’est-ce que tu ressens ? », des questions qui accompagnent le vécu intérieur.

Encourager l’expression des émotions


Nos émotions sont utiles. Ce sont elles qui nous donnent notre conscience d’Être.
Les pleurnicheries pour un oui ou pour un non d’un plus grand peuvent être des tentatives de trouver un moyen de pleurer vraiment. Des affects sont bloqués, il a besoin d’une occasion de les libérer. L’enfant cherche une permission, un prétexte pour laisser sortir larmes ou colère. Même l’enfant plus grand qui a accès à la verbalisation, même l’adulte, ont besoin de pleurer, de crier, de trembler, pour se libérer d’émotions fortes.
Toutefois, il y a des pleurs qui guérissent et d’autres qui entretiennent le problème. Les pleurs inutiles partent du haut de la poitrine, et peuvent être sans larmes. Sentiments de substitution, ils servent la répression émotionnelle et non la libération. Les pleurs de libération sont accompagnés de sanglots et de larmes.
  • Serrez l’enfant contre vous avec fermeté et tendresse jusqu’à la libération de l’émotion contenue. Il va souvent commencer par se débattre, puis se mettra à sangloter. Permettez à l’émotion d’aller jusqu'à sa résolution. Quand la respiration de l’enfant est redevenue calme, place à la parole.

L’écoute empathique


L’écoute empathique consiste à refléter ce que vous entendez dans ce que vient de dire l’enfant, en retenant les aspects signifiants, c’est à dire l’émotion, le sentiment ou le désir. Il ne s’agit pas tant d’écouter les mots que d’entendre ce qui les sous-tend.
  • Centrez-vous sur le mouvement intérieur de l’enfant plutôt que sur les faits. Accompagnez votre enfant et non les événements extérieurs.S’il dit : « Je n’ai pas envie de dormir ! », répondez : « Tu n’as pas envie du tout ! » plutôt que : « Il faut bien que tu dormes pour être en forme demain ».Vous pouvez continuer par quelque chose comme : « Tu as le droit de ne pas avoir envie, c’est vrai. Tu préférerais continuer à jouer, je peux comprendre ça », tout en continuant à le coucher.

Une émotion, c’est quoi ?


Une émotion est une réponse physiologique à une stimulation, à une modification de l’environnement. Tandis qu’un sentiment est déclenché par les pensées, et est donc « psychologique ». Les émotions sont à exprimer, les sentiments à décoder pour permettre à l’émotion sous-jacente de s’exprimer.
L’émotion a une double fonction biologique : réguler l’état interne de l’organisme et produire la réaction adaptée à la situation. Une émotion est donc un processus biologiquement déterminé qui dépend de dispositifs cérébraux mis en place au terme d’une longue histoire évolutionnaire. Une émotion dure quelques minutes au plus et se déploie en trois temps : charge, tension, décharge.

  • Prenons pour exemple la peur :
Charge : libération d’adrénaline, accélération cardiaque, afflux de sucre et d’oxygène là où le besoin s’en fait sentir.
Tension : l’organisme mobilise le maximum d’énergie pour faire face à la situation.
Décharge : c’est le retour au calme ! Une fois le danger écarté, le corps a besoin de revenir à son équilibre de base. Le système nerveux parasympathique entre en jeu, les tensions se relâchent, créant pleurs et tremblements.

Les émotions sont donc là pour éviter la perte de l’intégrité. Elles veillent à notre conservation et orientent notre croissance.

Les émotions, à quoi ça sert ?


Joie, colère, amour, tristesse, dégoût… Les émotions sont au cœur du sentiment de soi. 

Elles sont l’expression de la vie en soi. C’est pourquoi il est essentiel de les exprimer, au contraire des sentiments !

La peur aide à se préparer et à se protéger ; la tristesse accompagne les deuils ; la joie est expansion, elle nous dynamise, nous guide et favorise l’apprentissage ; la colère définit nos limites, nos droits, notre espace, notre intégrité, elle est réaction à la frustration ; l’amour nous relie à autrui.

Pleurer, crier, trembler sont des remèdes aux inévitables tensions de la vie. L’existence d’un petit enfant est pleine de frustrations, de questions, de peurs, de colères… Tous les bébés ont besoin de pleurer, aussi bien accompagnés soient-ils. L’émotion permet de se récupérer, de se reconstruire après une blessure.

Libérez les émotions !


Un événement blessant, un accident, une épreuve, une injustice ne deviennent traumatismes que si on ne laisse pas libre cours à l’expression des émotions qu’ils suscitent.
Réprimer ses émotions conduit en effet à des répétitions douloureuses, à la dépression, l’angoisse et peut engendrer des symptômes physiques. Il est donc urgent d’apprendre à identifier, à nommer, à comprendre, à exprimer, à utiliser positivement ses émotions sous peine d’en rester esclaves.
Et pour se libérer d’une émotion désagréable, à condition qu’elle soit authentique, rien de plus facile : il suffit de la laisser s’exprimer ! Mais si vous êtes en colère, inutile de frapper la personne qui a déclenché votre ire, préférez un coussin ! Attention, exprimer un sentiment parasite, c’est à dire une réaction émotionnelle disproportionnelle ou inadaptée à la situation, ne libère pas !
L’expression d’une émotion libère, l’expression d’un sentiment le renforce !

Respecter les émotions de l’enfant


Respecter les émotions de l’enfant, c’est lui permettre de sentir qui il est, de prendre conscience de lui-même ici et maintenant, de percevoir son « aujourd’hui » en relation avec « hier » et « demain ». C’est le placer en position de sujet, le considérer comme une personne qui a le droit de désirer et non comme un objet. C’est l’autoriser à se montrer différent de nous. C’est lui donner la possibilité de répondre à sa manière très particulière à la question : « Qui suis-je ? », à construire son sentiment d’identité et de personnalité propre. C’est aussi l’aider à se réaliser, à être conscient de ses ressources, de ses forces comme de ses manques, à se percevoir avançant sur un chemin, son chemin.

Interdire à un enfant d’exprimer son émotion, c’est le laisser en tension. Empêcher un réel retour au calme. Les émotions seront alors réprimées, non dépassées.

Laisser l’enfant exprimer ses émotions


Un adulte se sent « libéré » après avoir pleuré. Pourtant, il se précipitera sur son tout petit et lui dira : « Ne pleure pas, ne pleure pas ! ». Aucun parent n’aime voir souffrir son enfant. Malgré notre expérience personnelle, nous continuons d’imaginer que l’enfant qui pleure souffre. Alors qu’il est au contraire en train de se soulager de sa souffrance.

C’est vrai, il n’est pas toujours facile d’écouter les émotions des enfants. Elles nous remuent et menacent aussi notre sentiment d’être une « bonne mère » ou un « bon père ». Elles nous insécurisent : « Que dois-je faire ? ». Elles mettent en échec notre rôle de protecteur, nous confrontent à notre fonction de pourvoyeur. Osons le dire, nous aimerions parfois que nos enfants restent tranquilles, ne pleurent pas, ne crient pas, ne se roulent pas par terre. Nous préférerions qu’ils n’aient pas tant d’émotions ! Seulement voilà, les affects des enfants sont ce qu’ils ont de plus précieux. Là réside leur sentiment d’identité, la sensation de leur existence propre.

Accueillir les émotions de l’enfant


Le petit enfant est prisonnier de l’immédiateté de sa réponse émotionnelle, sans médiation de la pensée pour relativiser les choses ou hiérarchiser les enjeux. Il est facilement envahi par ses affects et a donc besoin de nous pour l’aider à trouver la sortie.

D’autre part, il cherche bien naturellement à donner sens à ce qu’il vit. Il le fait avec les moyens du bord. Il organise et interprète ses perceptions à sa manière, à la lumière des informations, souvent incomplètes, parfois déformées, dont il dispose. Ce qui peut donner lieu à des réactions émotionnelles incompréhensibles pour les parents.

  • Par exemple, Arnaud est agressif, il fait de grosses colères « pour des riens ». Inutile de permettre à Arnaud d’exprimer ses colères, ce sont des sentiments parasites. Ses parents se sont séparés. Dans sa tête, il s’est dit : « Papa est parti, c’est donc qu’il ne m’aime pas parce que je suis un méchant enfant ». Par ses colères, tout à la fois il exprime sa souffrance et justifie le départ de son papa. Derrière cette agressivité parasite, Arnaud réprime une autre colère et beaucoup de peurs et de tristesse. Ce sont ces émotions-là qu’il est utile d’aider Arnaud à exprimer.

  • Bénédicte, elle, est triste, elle ne participe pas en classe, elle ne joue pas avec les autres enfants. Elle a du mal à trouver sa place. Elle se sent de trop partout. Ses parents se disputent beaucoup. Elle s’est dit : « Papa et maman se fâchent à cause de moi. Si je n’avais pas été là, ils ne se disputeraient pas. C’est ma faute ». La tristesse de Bénédicte est donc parasite et cache sa colère et ses peurs. Bénédicte a besoin d’entendre : « Je te vois triste. C’est vrai que c’est triste d’avoir des parents qui se disputent et tu as surtout le droit d’être en colère contre nous, parce que ce n’est pas juste. Et puis peut-être parfois tu as peur… Parle-moi de combien tu as peur… ».
Quand l’enfant exprime une émotion appropriée, accueillez-la non verbalement, par le regard. Soyez présent dans votre respiration, dans votre attitude intérieure. Éventuellement, selon l’âge de l’enfant, prenez-le dans vos bras.
Quelques livres

- « Au Cœur des émotions de l’enfant » d’Isabelle Filliozat, éd. Marabout.
- « Il n’y a pas de parent parfait » d’Isabelle Filliozat, éd. JC Lattès.